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Quand les rappeurs racontent leurs vies dans leurs textes

Quand les rappeurs racontent leurs vies dans leurs textes

Vrais vécus, vraies anecdotes…

Fictions, exagérations, vantardises… ce n’est un secret pour personne, dans leurs textes les rappeurs laissent libre cours à la fiction beaucoup plus qu’ils ne veulent bien l’admettre.

Reste que cela ne les empêche pas de divulguer à l’occasion de précieuses informations sur leurs biographies, qu’il s’agisse de révélations d’ordre personnel, de potins ou de stories sur la vie de rue.

Ou quand ton rappeur préféré lève le voile.

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Les rappeurs disent-ils la vérité dans leurs textes ?

Kanye West qui s’est fait voler son ordinateur par son cousin

En 2012, Kanye offre à l’un des membres de sa famille un ordinateur portable sans réaliser qu’il a laissé une vidéo de lui dans les fichiers.

Et pas n’importe quelle vidéo : une sextape.

À en croire un autre cousin du Yeezus, Lawrence Franklin, l’heureux bénéficiaire ne tarde pas à comprendre tout l’intérêt financier qu’il peut tirer de la situation.

Bien décidé à faire chanter la star, il contacte directement ses proches extraits à l’appui afin de prouver qu’il ne bluffe pas, puis engage en parallèle un avocat pour couvrir ses arrières.

West et ses représentants acceptent alors de conclure un accord légal à hauteur de 250 000 dollars en échange de la restitution de ses ébats à la condition que son cousin passe au détecteur de mensonges afin d’être sûr qu’il n’a rien fait fuiter avant de signer.

En 2016 sur l’album The Life of Pablo, le mari de Kim K. est revenu à deux reprises sur cet incident qui était jusque-là demeuré inconnu du grand public : une première fois sur Real Friends dans lequel il résume la situation en deux lignes (« I had a cousin that stole my laptop that I was fuckin’ bitches on/Paid that nigga 250 thousand just to get it from him ») et une seconde sur No More Parties in L.A. où il se montre des plus magnanimes (« Dîtes à tous mes cousins que je les aime/Même à l’espèce d’ordure qui m’a piqué mon ordi »).

Il n’en demeure pas moins selon Franklin que l’incident l’a affecté bien plus qu’il ne veut l’admettre : « Cela a marqué le début de son déclin. À partir de là il a arrêté de faire confiance aux gens. »

Notorious B.I.G. qui couche avec la copine d’un joueur NBA

Douzième piste de son album posthume Life After Death sorti en 1997, I Got a Story to Tell conte une histoire d’adultère entre le Bad Boy et la girlfriend d’un basketteur de l’équipe des New York Knicks« She get dick from a player off the New York Knicks » dans le texte.

Quand un jour ce dernier débarque à la maison plus tôt que prévu alors que Biggie et la copine en question sont en train de faire leur affaire, plutôt que de se faire griller, le rappeur décide de maquiller leur rendez-vous en se faisant passer pour un cambrioleur : il sort son gun, ligote la fille et dépouille l’appartement.

Si cette seconde partie tient de la fiction pure et simple, nombreux sont ceux qui se sont demandés qui pouvaient être le joueur évoqué dans la première, et ce d’autant plus que la ligne « I’m in his ass while he playing ‘gainst the Utah Jazz » fait référence à un match qui s’est déroulé le 12 novembre 1995.

Tandis que longtemps les soupçons se sont portés sur John Starks (ce qu’il a formellement nié en 2014), en 2015 Jadakiss affirme hésiter entre « Anthony Mason, Larry Johnson, et peut-être Derek Harper », non sans préciser que B.I.G. qu’il a bien connu de son vivant ne lui a jamais vendu la mèche.

Fort heureusement pour les curieux, en 2016 Fat Joe ne résiste pas au plaisir de snictcher en confiant qu’il s’agissait du très balèze Anthony Mason.

Si colporter l’information de la sorte n’était pas forcément très classe de sa part, l’ailier fort étant décédé un an plus tôt à 48 ans, elle n’en a pas moins été confirmée depuis par Puff Daddy.

Eminem qui insulte celui qui le brutalisait à l’école

Même cas de figure que précédemment, avec un titre qui mélange fiction et réalité.

Souffre-douleur en chef de ses petits camarades lors de ses jeunes années, en 1981 Marshall Mathers, 9 ans, manque d’y passer lorsqu’il se retrouve coincé aux toilettes par un certain Angelo Bailey, accompagné d’une bande de gamins tous âgés d’au moins deux ans de plus que lui.

Projeté au sol, sa tête percute de plein fouet le rebord des WC avant qu’il ne s’évanouisse. Pris de panique, ses agresseurs laissent geindre le futur rappeur dans son sang sans prévenir personne.

Sa mère Debbie a beau alors tenté de poursuivre l’établissement en justice, l’affaire se retrouve classée sans suite malgré la longue liste des séquelles (vomissements, cauchemars, insomnies, pertes de conscience…).

Eminem va toutefois prendre sa revanche 18 ans plus tard lorsqu’en 1998, il relate les faits sur Brain Damage (« Lésions Cérébrales » en VF).

Extrait : « Je me faisais harceler tous les jours par ce gros lard de DeAngelo Bailey/Il a cogné ma tête contre la pissotière jusqu’à me casser le nez, a rendu mes vêtements rouges de sang, m’a attrapé et m’a étranglé »

Le Slim Shady se laisse ensuite imaginer prendre sa revanche en tabassant Bailey à coup de manche à balai « jusqu’à que le bois se pète ».

En 2001 ce même Bailey n’hésite pourtant pas à porter plainte contre Em’ au motif que son couplet a ruiné ses chances de faire carrière dans le rap, qu’importe qu’il ait reconnu les faits en interview deux ans plus tôt.

Débouté en 2003, il a la surprise de voir la juge en charge de son cas glisser quelques rimes dans l’attendu pour justifier sa décision.

Big Noyd qui explique son absence de la pochette de The Infamous

Gars sûr de Queensbridge et proche des Mobb Deep depuis le début, TaJuan ‘Big Noyd’ Perry a participé de près à la confection du deuxième album du groupe, le classique The Infamous.

En featuring sur trois pistes (Right Back At You, Give Up the Goods (Just Step) et Party Over), il n’apparaît étonnamment nulle part dans le livret du CD, quand bien même absolument TOUS les potos d’Havoc et Prodigy ont pris la pose.

La raison ? Comme il le rappe à l’entame de Give Up the Goods (Just Step), il était sommé par la justice de se rendre à trois différentes convocations le même jour« Sometimes I wish I had three different faces/I’m going to court for three cases in three places ».

En vérité la ligne n’est qu’à un tiers vraie, mais vraie quand même.

« Je n’avais pas trois affaires en cours, mais je n’arrêtais pas de faire des allers-retours au tribunal. Ce jour-là je devais répondre d’une accusation de trafic de drogue. Quand le juge a vu mon casier, il a également vu que j’avais deux autres délits mineurs mon actif. Là il m’a dit ‘Je vois que vous avez aussi deux accusations à votre actif mais vous m’avez l’air d’une bonne personne’. Quand ils m’ont laissé retourner chez moi, je suis allé au studio direct, et j’ai posé ça direct comme c’était. »

Drake qui repense le cœur serré à son ex

Que l’ami Aubrey se laisse aller à ressasser une liaison passée sur la place publique est somme toute chose courante dans sa discographie. Ce qui l’est moins c’est qu’en 2013 sur son duo From Time avec Jhené Aiko il divulgue le nom, la ville et le métier de celle qu’il a un jour considéré comme sa moitié« The one that I needed was Courtney from Hooters on Peachtree / I’ve always been feeling like she was the piece to complete me ».

Internet oblige, il n’a pas fallu plus de quelques jours pour retrouver ladite Courtney et que tournent sur les réseaux les photos de ses comptes Twitter et Instagram.

Sans préjuger de la réaction de l’intéressée (qui d’une part a très vite fait son max pour effacer toute présence d’elle sur le net, mais qui de l’autre s’est peu de temps après s’est aussi servi de ce petit quart d’heure de célébrité pour promouvoir ses soirées), on peut toutefois remarquer que Drake s’est ici montré au mieux des plus indélicats.

Déjà parce qu’il ne lui a pas demandé son avis avant de l’outer, mais aussi et surtout parce que la suite de son couplet est un sommet d’agressivité passive.

Feignant d’admettre qu’elle l’a largué pour de bonnes raisons (« ses décisions égoïstes »), il s’empresse de critiquer son mariage prochain en lui assurant qu’il reste sa meilleure option possible, non sans rabaisser au passage son mec pour ne pas être lui (« Who you settling for? Who’s better for you than the boy, huh? »).

Gênant pour tout le monde.

50 Cent qui name droppe les gangsters de son quartier

Là où l’histoire retient que Nas fut parmi les premiers rappeurs à citer des blazes de vrais gangsters dans Illmatic (Howard ‘Pappy’ Mason dans The World is Yours, Alberto ‘Alpo’ Martinez dans Memory Lane…), il n’en reste pas moins que personne n’a jamais poussé le bouchon aussi loin que Curtis Jackson qui en 2000 balance dans Ghetto Qu’ran plus d’une vingtaine de noms !

Dans le désordre, cela donne la Supreme team (« Preme was the business man and Prince was the killer »), la Corley Family, Rich Porter, les frangins Lefty & Jazzy Jennings ou encore Anthony ‘Pretty Tony’ Feurtado, le leader du gang Black Rain.

Accusé haut et fort par certains d’avoir enfreint le code le de la rue (Ja Rule et le Murder Inc. en tête), 50 se défend lui d’avoir trop ouvert sa bouche en arguant que tout ce qu’il raconte était déjà connu de tous.

« L’intégralité de ce qu’il y a dans Ghetto Qu’ran est dans Cop Shot, un bouquin vendu partout en librairie. Tout est sorti dans les journaux au moment où ça s’est passé. Sérieux les renois qui m’accusent de trop parler disent vraiment de la m*rde. »

Et tant pis si la rumeur veut que la fusillade dont il a été victime en 2000 ou le meurtre de son mentor Jam Master J aient été perpétrés en guise de représailles.

2Pac qui menace de mort Jimmy Henchman

Moins connu que le fielleux Hit Em Up, Against All Odds, le tout dernier morceau du tout dernier album du californien, vaut pourtant lui aussi son pesant de cacahuètes niveau insultes et menaces envers ses confrères newyorkais.

Puff Daddy, Notorious B.I.G., Nas, Prodigy des Mobb Deep en (re)prennent ainsi pour leur grade, tandis qu’un nouveau nom s’ajoute à liste : celui de Jimmy ‘Henchman’ Rosemond.

Ancien gangster officiellement reconverti dans le monde de la musique via sa société de production, il serait selon Shakur avec le clan Bad Boy le commanditaire de la fusillade qui lui a valu en 1994 de se prendre cinq balles dont une dans la tête.

Henchman a beau clamer haut et fort son innocence, 2Pac « promet de lui rendre la monnaie de sa pièce en temps voulu » (« Promised to payback, Jimmy Henchman, in due time »), ce qui dans le contexte de la guerre des côtes n’est pas à prendre à la légère.

Décédé dans la foulée, le rappeur n’aura toutefois pas eu le temps de mettre ses menaces à exécutions, quand bien même plus de 15 après les faits Rosemond a reconnu avoir organisé cette embuscade afin de « donner une leçon » à l’auteur de All Eyez on Me.

Nicki Minaj qui passe une annonce pour trouver le boyfriend idéal

Bien qu’alors en couple depuis neuf ans avec l’aspirant rappeur Safaree Samuels (le mec avant Meek Mill, Drake, Nas et Kenneth Petty), en 2011 Onika Tanya Maraj-Petty accroche la première place des charts avec son single Super Bass (« Boom, badoom, boom, boom, badoom, boom, bass ») dans lequel elle décrit dans deux couplets dignes d’une bio Tinder le genre d’alpha qui lui fait « tomber la culotte ».

Bon attention, exigeante, la première dame du crew YMCMB place la barre haut.

À ses yeux sont considérés comme « Pelican fly » (« pretty fuckin’fly »), les mauvais garçons et les hommes d’affaires.

Les premiers sont du genre à arriver en club en gros gamos (« Boomin’ system, top down, AC with the cooler system »), à cramer des billets et faire sauter des bouteilles. Qu’importe s’ils vendent de la coke où ont décroché un deal dans l’industrie, pourvu qu’ils ne voyagent jamais en seconde.

Les seconds portent le polo, même si la casquette leur va tout aussi bien, n’en font pas trop, où en tout cas ne s’en vantent pas (« But I think I like him better when he dolo »). Et si en plus ils assument « un côté féminin », cela ne gâche rien.

Pour les amateurs d’implants en plastique qui se demandent s’ils correspondent aux critères, sachez dans le clip miss Nicki a aligné quelques spécimens autour d’une piscine dans une ambiance très gay friendly… car oui, ce genre de morceau est pensé pour plaire aussi bien aux filles qu’aux garçons.

Jay Z qui donne l’adresse de sa planque

Dans le rap il y a ceux qui riment sur les kilos, et puis il y a Shawn Corey Carter qui avant la gloire comptait parmi les plus gros dealeurs du Marcy Projects, son quartier natal situé en plein Brooklyn.

Si jeune adolescent ses premiers pas dans l’illégal se sont faits au coin de sa rue en tant que simple soldat, son talent pour le business aidant, dans les années 90 il finit par s’acheter avec son cousin un appartement pour y faire tourner ses affaires.

L’adresse ? « 560 State Street » comme révélé en 2009 dans le premier couplet de Empire State of Mind, son duo avec Alicia Keys dans lequel il rend hommage à New York.

Plus gros hit de sa carrière (genre il est joué aux passagers des avions atterrissant à la Grosse Pomme), à la grande surprise des locaux, le morceau attire dans les premiers mois des touristes du monde entier curieux de voir où tout a commencé pour le Jéhovah du game.

Propriétaire des lieux jusqu’en 1997 (soit un an après la sortie de son premier album Reasonable Doubt… chacun en déduira ce qu’il souhaite), Jay Z est revenu sur place en 2012 dans le cadre du documentaire Made In America.

Fier comme un paon, il n’a alors pas hésité pas à monter sur le toit du bâtiment pour faire remarquer le vis-à-vis avec le Barclays Center, le stade des Brooklyn Nets, l’équipe de basketball dont il était à ce moment actionnaire.

Difficile de mieux boucler la boucle.

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