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Les drogues préférées des rappeurs [DOSSIER]

Les drogues préférées des rappeurs [DOSSIER]

Que ce soit dans leurs textes ou en coulisses les rappeurs ont toujours développé un fort penchant pour les narcotiques…

Musique, drogue et show-business partagent une longue histoire commune. De Charlie Parker à Rick James en passant par Keith Richards, jazz, funk et rock comptent leur lot de camés notoires.

Le rap aussi d’ailleurs, et pas seulement parce que dès le début de son histoire le mouvement s’est grandement inspiré des dealers de quartier. Nombreux sont en effet les emcees qui font de l’apologie des paradis artificiels leur fonds de commerce (Future, Wiz Khalifa, Danny Brown, Lil Wayne…).

Tour d’horizon des psychotropes parmi les plus populaires du game, modes d’emploi et listes des effets indésirables compris.

Le syzzurp

La recette du purple drank ou lean est plutôt simple : il suffit de mélanger un sirop contre la toux à base de codéine (celui-là même qui donne sa couleur violette à la mixture) et un antihistaminique (un médicament de type antidouleurs et antiallergique) avec un soda de type Sprite, et le tour est joué.

En option beaucoup ajoutent des bonbons Jolly Rancher pour relever le goût. Le tout est généralement servi dans de grands gobelets blancs en Styrofoam.

Niveau effets, contrairement à ce que l’on pourrait croire, le syzzurp n’est pas une drogue festive. Si la codéine est un opiacé qui provoque une certaine euphorie, la prométhazine cause elle somnolence et léthargie. En gros cela fait l’effet d’une herbe surpuissante.

Face B, la boisson entraîne somnolence, confusion, crises convulsives et vomissements. On note aussi des prises poids spectaculaires chez certains accrocs, comme ce fut le cas récemment chez Gucci Mane ou Chief Keef.

Hautement addictif, le risque d’overdose n’est jamais très loin, sans compter que la consommation d’alcool en parallèle est potentiellement mortelle. Pimp C décédé à l’âge de de 33 ans ou Lil Wayne qui a multiplié les séjours à l’hôpital et en désintox’ en ont fait les frais.

La 40 Oz

Les « forty » désignent ces grandes bouteilles contenant quarante onces de « liqueur maltée » (environ 1,2 litre, soient 12 cannettes) destinées initialement à se boire à plusieurs.

Légalement il ne s’agit pas toujours de bière car dans certains états américains ce terme n’est pas applicable aux boissons dont le degré d’alcool est supérieur à 5.

Les 40 sont en effet fameuses pour leur faible fermentation basse et leur forte toxicité. Leur prix très bas explique en grande partie leur popularité auprès des classes défavorisées et des étudiants en quête de bitures rapides et pas chères.

Dans l’imagerie du rap, la 40 se boit en solo et au goulot. Traditionnellement les membres des gangs versent quelques gouttes au sol en hommage à leurs homies disparus. De nombreux textes (Notorious B.I.G. kickait dans dans Juicy « smokin’ weed and bamboo, sippin’ on Private Stock ») ou clips (dernièrement ceux d’A$AP Rocky) reprennent cela.

Les publicitaires ont très tôt compris le parti qu’ils pouvaient en tirer pour écouler plus de bouteilles. Dès la fin des années 80 la marque St. Ides rémunérait Ice Cube des NWA pour booster sa visibilité. Même chose quelques années plus tard pour le Wu Tang Clan, qui essuiera de nombreuses critiques pour promotionner ce que Spike Lee surnommait « le poison des ghettos ».

Le crack

Ce n’est pas tant la consommation qui est ici mise en avant par les rappeurs (à un ODB ou Flavor Flav près), mais le trafic et la distribution.

Le crack se produit en dissolvant le chlorhydrate de cocaïne (la poudre blanche que l’on appelle aussi sel de cocaïne) dans de l’eau et en ajoutant du bicarbonate de sodium (NaHCO3, le fameux baking soda). On obtient alors une pâte solide, blanche et cireuse qui est ensuite découpée en petit cailloux, les rocks. Ces derniers provoquent de petits craquements lorsqu’on les chauffe, d’où le terme « crack ».

Contrairement aux drogues de synthèses ou à la freebase, nul besoin d’être Walter White ou valoir des connexions sud-américaines pour en fabriquer. Le crack est la drogue des pauvres par excellence. Vendue pour un billet de 10$, ses effets sont immédiats et spectaculaires.

La fumée lorsqu’elle est inhalée permet d’atteindre plus rapidement le cerveau. L’effet euphorisant est donc décuplé mais aussi plus bref. Ce qui fait tout le danger de ce psychotrope : plus les effets sont immédiats, puissants et de courte durée, plus le pouvoir addictif croît.

Une fois l’effet dissipé, la descente est toujours brutale (dépression, angoisses…). Seule « solution » pour y remédier : reprendre une dose. Un crackhead cherche constamment à revivre l’effet procuré par sa première dose.

Les effets sur le corps sont spectaculaires : perte de poids, apparition de tâches sur le visage, problèmes cardiaques et respiratoires, nausées… Sans oublier les conséquences indirectes qu’entrainent ce mode de vie (schizophrénie, MST, violences, prostitutions, insalubrité…).

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Le molly

Le molly (« moléculaire » en argot) désigne le 3,4-méthylènedioxy-méthamphétamine, le nom scientifique de la MDMA, un médicament développé dans les années 60 pour lutter contre la dépression et qui deviendra plus tard l’ingrédient actif de l’ecstasy.

Avec les années la composition du molly s’est néanmoins grandement modifiée, ce qui accentue grandement sa dangerosité. La DEA (la brigade américaine de lutte anti-drogue) estime que seulement 13% de pilules saisies à New York ses quatre dernière années contenaient effectivement de la MDMA.

Coupé à toutes les sauces (plus de 200 composants sont répertoriés), il est très dur de connaitre la composition exact de cette drogue de synthèse.

Ses utilisateurs recherchent un surplus d’énergie, une certaine euphorie et une sociabilité enrichie – le tout avec une perception du temps et des sens distordue. À la longue c’est pourtant l’effet inverse qui se produit : anxiété, problèmes de sommeil, d’attention, de mémoire, dépression…

Initialement cette drogue est fortement liée à la musique électronique, mais les rappeurs se la sont également appropriés au début des années 10. 2 Chainz, Juicy J et même Kanye y font référence dans leurs textes.

Sans oublier Tyga qui lui a dédié un morceau éponyme et bien sûr Rick Ross qui a créé le scandale avec sa punchline de triste réputation « put molly all in her champagne, she ain’t even know it » (« je lui ai mis un molly dans son verre de champagne, elle ne s’en est pas rendue compte ») qui lui a valu d’être viré de chez Reebok pour apologie du viol.

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L’angel dust

Appelée aussi phéncyclidine ou PCP, cette poudre cristalline au gout amer s’inhale, se fume ou s’ingère. Initialement développée en tant qu’anesthésique (et notamment comme tranquillisant pour cheval), elle finira par être retirée du marché dans les années 60 à cause de ses effets secondaires hallucinogènes.

Souvent comparé au LSD, outre le fait que la poussière d’ange « donne l’impression d’avoir bu 50 bouteilles de Jack Daniel’s avant de tourner sur soi-même pendant une heure » (dixit Raekwon du Wu-Tang dont les membres ont consommé en masse ce produit), elle provoque une déformation de la vision et l’ouïe (les sujets entendent des voies, pensent qu’ils peuvent voler…), ainsi qu’un sentiment de détachement par rapport à son milieu et à son identité.

De nombreux crimes particulièrement morbides (cannibalisme, décapitation, infanticide…), ou actes de mutilations (suicides inclus) sont ainsi commis sous son emprise.

Très accessible (10$ la dose), le PCP est souvent utilisé pour couper ou pour amplifier les effets de l’herbe ou de la cocaïne.

Le Percocet

Autre médicament détourné de son usage initial, ce mélange d’acétaminophène et d’oxycodone (deux antalgiques complémentaires) est initialement prescrit comme un antidouleur dont les résultats se font sentir immédiatement ou presque, et ce sans pour autant être aussi addictif que la morphine.

Il se présente sous la forme de comprimés de teintes blanches, sécable, portant l’inscription « PERCOCET » gravée sur une face, ou sous la forme de gel à frictionner sur la peau.

Consommé dans un but « récréationnel » (les plus hardcores iront jusqu’à le snifer pour en intensifier la prise), il affecte directement les cellules du cerveau en provoquant simultanément euphorie et engourdissement.

Dans Mask Off, Future prône ainsi de l’associer à la MD (« Percocets, molly, Percocets / Percocets, molly, Percocets ») pour contrebalancer cette sensation de rester là assis à rien faire sans trop capter ce qui se passe.

Côté obscur, le Percocet s’accompagne d’une liste de désagréments longue comme le bras pas nécessairement des plus sexy (vertiges, troubles respiratoires, augmentation de la pression sanguine, tâches sur foie… mais aussi apparition de plaques rouges, constipation, nausée, démangeaison…).

Plus grave, en cas d’association avec de l’alcool ou de la caféine, le risque de décès par overdose augmente drastiquement.

La kush

S’il ne devait en rester qu’une… Substance reine, cette herbe aux reflets violacés compte une multitude d’ambassadeurs dans la communauté rap, avec au premier rang le Docteur Dre et son compère Snoop Dogg qui ont beaucoup œuvré pour sa renommée – à l’heure actuelle il demeure cependant difficile de contester le titre de « roi de la fumette » à Wiz Khalifa.

La kush est une variété de chanvre qui pousse principalement en Afghanistan, dans le nord du Pakistan et dans le Nord-Ouest de l’Inde, raison pour laquelle cette plante tire son nom de la chaine de montagne hindu KushHindou Kouch en français.

Elle est depuis les années 70 cultivée sur le territoire américain. Il en existe un grand nombre de variétés (LA Confidential, Master Kush, Bubba Kush…), la plus connue restant de loin la OG Kush (pour « Ocean grow » ou « Original gangster », c’est selon) et qui paradoxalement n’est pas considérée comme une vraie kush par les amateurs du genre car elle provient de sources hybrides.

Notez que c’est principalement la kush qui est utilisée pour usage thérapeutique (douleurs chroniques, anorexie, sida…). Son taux de THC jusqu’à 30% supérieur à la moyenne favorise la relaxation et augmente l’appétit. Cela n’empêche cependant pas les pertes de mémoire et l’indolence…

Le Xanax

Tranquillisant appartenant comme le Valium ou le Klonopin à la grande famille des benzodiazépines (ces anxiolytiques retrouvé dans les corps d’Elvis Presley, Heath Ledger, Michael Jackson, Amy Winehouse ou encore Whitney Houston lors de leurs décès), ce médicament est indiqué dans « le traitement symptomatique des manifestations anxieuses sévères et/ou invalidantes ».

Parmi ses propriétés, l’alprazolam (le nom scientifique du Xanax) décontracte les muscles, favorise le sommeil, inhibe l’activité cérébrale et prévient les convulsions.

Très efficace dans un premier temps, il crée cependant une accoutumance rapide (le patient se devant d’augmenter le dosage pour continuer de bénéficier de ses effets), et ce d’autant plus quand il est consommé en quantité – les Soundcloud rappeurs n’hésitant pas à quadrupler les doses prescrites.

Le Xanax finit par alors produire des effets contraires aux ceux recherchés (irritabilité, agitation, insomnie, agressivité…), tout en se révélant des plus néfastes pour l’organisme (sommeil difficile, somnolence, baisse de la vigilance, troubles de mémoire, sensation d’ivresse…).

Et pour ceux qui voudraient arrêter, le sevrage se révèle alors extrêmement ardu : le manque se faisant ressentir via des maux de tête, des douleurs musculaires, des tremblements, des problèmes d’estomac, une transpiration accrue et une anxiété décuplée.

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