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Toutes les covers de tous les albums de Drake expliquées

Toutes les covers de tous les albums de Drake expliquées

La discographie du Canadien vue d’un autre œil…

Ce qu’il y d’appréciable avec Drake, c’est que dès qu’il sort un disque, en sus de la musique, tout est matière à commentaires (et même à commentaires de commentaires).

Ses clips, ses looks, ses interviews, ses pas de danse, tout du sol au plafond est abondamment débattu dans les médias et sur les réseaux.

Bien entendu, ses covers ne font pas exception. Choisies tout sauf au hasard, elles valent amplement la peine d’être disséquées, tant elles sont riches en références, anecdotes et interprétations.

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So Far Gone (2009)

Pour sa troisième mixtape, celle où Drake est devenu Drake (Best I Ever Had, Successful…), choix a été fait de laisser carte blanche à un jeune illustrateur de Toronto, un certain Darkie.

« L’idée de départ était plutôt simple : personne ne savait ce qu’il voulait, mais tout le monde savait qu’il voulait quelque chose de différent. Tous les rappeurs veulent voir leur visage sur la pochette, s’en était tel que ça me gonflait. Oliver (El-Khatib, le co-fondateur d’OVO et agent de Drake Ndlr) m’a donc laissé les mains libres. Je lui ai ainsi envoyé différentes images que je souhaitais détourner. Parmi elles, il a sélectionné une publicité pour The Economist. J’ai alors modifié le texte et remplacé l’araignée qui attire le regard du petit garçon par de l’argent et des cœurs. Pour moi ça allait avec la vibe de la mixtape. »

Notez que le lettrage fait la part belle à October Very Own, le label et super groupe qui œuvre dans l’ombre de Drake, dont le blog avait à l’époque joué un rôle central dans la campagne de promotion du projet.

Thank Me Later (2010)

De retour aux manettes pour le premier album du Christ, Darkie s’est cette fois embarqué dans tout autre délire.

« À ce stade Oliver et moi avions développé une relation de travail confortable. Quand il est venu me voir pour le proposer de remettre ça, j’étais évidemment partant. Là il devait avoir prévu le truc depuis un moment, parce qu’il m’avait préparé un tableau avec ses idées qui correspondait exactement au thème. »

Reste que devant les attentes générées par Thank Me Later, l’ambiance n’était cette fois pas à la décontraction.

« Le label me mettait la pression sur les délais. Ces imbéciles insistaient pour que je modifie des détails de rien du tout comme la taille du code barre. Ils étaient bloqués dans leurs certitudes, persuadés qu’il n’existe qu’une seule façon de faire les choses. Ils ne voulaient pas que l’on utilise la phrase ‘Sold at fine retailers’. Ils ne voulaient pas perturber le public ciblé. C’était chelou… Ce genre de petits détails rendent des délais déjà serrés encore plus serrés. »

Take Care (2011)

Baroque s’il en est, cette cover intrigue à plus d’un titre, de ce déluge d’or, à la mine contrite que tire Drizzy, en passant par le tableau accroché dans son dos.

Explication de l’intéressé : « Il y a à peine deux ou trois ans, je regardais avec envie ce monde à travers une vitre. Aujourd’hui je suis devenu roi de ce monde (…) Le type qui apparaît en cover c’est ce kid qui vivait il y a encore peu au sous-sol de chez sa mère à Toronto et qui est arrivé là où il en est. La cover renvoie à ça, à cette réflexion. »

Et pour ce qui est du décor, sachez que la photo n’a absolument pas été prise dans un club libertin, mais dans l’un de ses restaurants préférés à Toronto, le Joso’s – l’établissement est name droppé dans 5AM in Toronto.

Nothing Was The Same (2013)

L’un des thèmes principaux de ce troisième essai est le passage à l’âge adulte d’Aubrey Graham – ou pour citer Worst Beahviour : « Always hated the boy but now the boy is the man, mother fucker I’d grown up ».

Dépliée en entier, la cover, qui est en réalité un tableau peint à l’huile, illustre ainsi cette évolution avec un Drake enfant arborant un peigne afro dans les chevaux qui a fait face à un Drake désormais âgée de 27 ans, chaîne en or autour du cou.

Auteur du visuel de Michael, l’album posthume de Michael Jackson sorti trois ans plus tôt, Kadir Nelson raconte que la star l’a contacté avec un objectif bien précis en tête.

« Il voulait que ce soit iconique. Il ne voulait pas que cela ressemble à une cover de rap. Il voulait quelque chose de plus artistique, de plus profond. Il voulait quelque chose qui représente à la fois son cœur d’enfant et son cœur d’adulte. »

« Pour ce faire, j’ai regardé quantité de photos de lui dans ses jeunes années. Aucune ne correspondait à ce que je cherchais et j’ai donc dû l’imaginer en petit garçon. Comme il était mignon et avec de grosses joues, ça n’a pas été difficile. »

Si sur le coup le Champagne Papi avait très probablement dans le viseur les classiques Illmatic, Ready to Die et Carter III (alias les classiques avec une cover d’enfant), malgré la qualité du rendu (et de l’opus), cela n’a nullement empêché les internets de le parodier jusqu’à plus soif.

If You’re Reading This It’s Too Late (2015)

Fausse mixtape sortie la surprise générale dans la nuit précédant la Saint-Valentin, IYRTITL trolle les foules avec une cover à la calligraphie à mi-chemin entre celle d’un tag dans les toilettes et celle d’un enfant appelé au tableau (l’apostrophe de « it’s » fait défaut).

Toujours est-il que ces quelques mots auraient été signés par la légende du graffiti newyorkais Jim Joe, quand bien même encore aujourd’hui il n’est pas clair s’il s’agit d’une imitation ou d’une collaboration en bonne et due forme, son nom étant absent des crédits.

Détail qui n’en est pas un enfin : les mains qui prient du logo 6 God sont un copié/collé du dessin à la plume Étude des mains d’un apôtre (1508) du graveur et peintre allemand Albrecht Dürer.

What a Time to Be Alive (2015)

Enregistré à la va-vite, son album commun avec Future a bénéficié d’une cover à l’avenant : elle a tout simplement été achetée sur la banque d’images Shutterstock !

[Future avait déjà utilisé le même procédé pour Drity Sprite 2 sorti quelques mois auparavant.]

Décrit sur le site comme « diverses grappes de diamants taillés », le cliché a été pris par Christina Tisi-Kramer, une photographe newyorkaise spécialisée dans les pierres précieuses, les cosmétiques et les parfums, aujourd’hui reconvertie comme prof assistante à la Fashion Institute of Technology.

Encagée par le groupe Julius Klein pour immortaliser leurs produits, à l’issue du shooting Tisi-Kramer avait gardé quelques photos pour elle afin de les revendre sur le net.

S’il n’est pas dit qu’elle soit imaginée que l’un d’entre eux finirait sur une pochette, difficile de mieux matcher avec une tracklist qui compte dans ses rangs des morceaux comme Big Rings ou Diamonds Dancing (« Diamond, diamond, diamond, diamonds on me dancing »).

VIEWS (2016)

Érigée en plein Toronto, la Tour CN tire son nom de la compagnie ferroviaire du Canadien National (CN) qui en a longtemps été propriétaire. Inaugurée le 2 octobre 1976, elle sert principalement d’antenne de communication pour différents médias et sociétés.

Elle est cependant beaucoup plus connue pour culminer à 533,33 mètres et avoir été jusqu’en 2009 l’édifice le plus haut de la planète.

Si elle n’est actuellement même plus classée dans le top 10, il n’empêche que lorsque le 6 God a révélé la cover de son quatrième album, nombreux se sont demandés par quel prodige il avait bien pu se faire photographier assis à son rebord.

Spoiler : le CM de la Tour CN a sur Twitter vendu la mèche en révélant qu’il s’était fait photoshopper.

Oh, et on a de nouveau bien rigolé derrière les écrans.

More Life (2017)

Pipe triple XL, moustache proéminente, nœud papillon de la taille d’un drap… y a pas à dire, en 1983, date à laquelle la photo été prise, Dennis Graham c’était une certaine idée de la classe.

« J’étais en train d’écrire une chanson près d’un piano » expliquera par la suite le paternel de Drake, qui, loin de s’excuser d’un tel accoutrement, met un point d’honneur à arborer les tenues les plus folles à chaque apparition publique.

Adoré par son fiston, il a ainsi eu honneur de voir sa tête collée sur une pochette… mais pas celui de se voir accorder un featuring.

Dommage, avec 81 minutes de musique au compteur, More Life n’était pas à un refrain rnb près.

Scorpion (2018)

Entre le titre de l’album et la réputation désormais bien établie du maître des lieux pour créer l’évènement, avant même que la cover ne soit dévoilée, quantité de montages plus ou moins farfelus circulaient sur les réseaux.

Du coup lorsque ce très sobre noir et blanc a été officialisé, un vent de déception s’est fait sentir.

À la revoyure, ce portrait dédicacé est néanmoins plus subtil qu’il en a l’air avec un Drake qui affiche une mine pleine de détermination et d’inquiétude, lui qui à l’instant T a beau dominer le game comme personne vient de se prendre pour la première fois de sa carrière une fessée monumentale (coucou Pusha T).

Sinon, comme d’hab’, un photographe de Toronto a été débauché pour l’occasion, un certain Norman Wong qui précédemment avait déjà collaboré avec l’artiste OVO Majid Jordan.

Care Package (2019)

Compilation de morceaux jamais commercialisés enregistrés entre 2010 et 2016, cet attrape cash aussi subtil qu’il en a l’air ne s’embarrasse pas d’une cover des plus sophistiquées.

Le pare-chocs d’une Acura TSX 2004, la voiture que Drake conduisait du temps où il jouait dans la série télé Degrassi (lorsqu’il estimait qu’une BMW ou une Mercedes faisait « prétentieux »), son nom et le titre du projet écrit en blanc sur fond noir avec un zeste de bling façon Pen & Pixels et le tour est joué.

Qui a dit qu’il ne fallait pas juger un livre à sa couverture ?

Certified Lover Boy (2021)

La cover de la discorde.

Digne d’une capture d’écran d’une conversation WhatsApp, elle est l’œuvre l’artiste britannique Damien Hirst (connu entre autres pour exposer des animaux coupés en deux).

En vrai, plutôt que de s’écharper sur sa qualité intrinsèque ou sur son sens profond (la virilité à toute épreuve d’El Draké ? son goût pour l’art contemporain ? le temps de gestation de CLB ?), bornons-nous à constater qu’elle remplit à merveille son objectif premier, à savoir faire parler #HotlineBling

Ou comme le résume le peintre torontois Tessar Lo : « Le fait que tout le monde ait accès à ces émojis encourage à s’approprier cette appropriation, ce qui provoque un élan de viralité. C’est un troll de génie. »

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