Rap US

Ce jour où… ODB a enregistré un duo pété avec Mariah Carey

Ce jour où… ODB a enregistré un duo pété avec Mariah Carey

Avec la série « Ce jour où… » Booska-P revient sur ces anecdotes de plus ou moins grande importance qui ont marqué l’histoire du rap. Aujourd’hui place au ce jour où la gentille Mariah a remixé l’un de ses tubes avec le plus taré des membres du Wu-Tang Clan…

Jay Z, Snoop Dogg, Bone Thugs-N-Harmony, Busta Rhymes, Missy Elliott, Jadakiss, Jermaine Dupri, Cam’ron, Nicki Minaj… si la liste des rappeurs avec qui Mariah Carey a collaboré est aujourd’hui sans fin, en 1995 la situation était toutefois bien différente.

Alors mariée au tout puissant président de Sony Music Entertainment Tommy Mottola qui contrôlait d’une main de fer sa carrière, elle était du haut de ses quatre albums et ses 28 millions de ventes l’ambassadrice d’un pop niaise et sucrée.

Soucieux de suivre la tendance qui se dessine à l’époque dans le paysage musical, le duo souhaite cependant remixer Fantasy le lead single de son nouvel album Daydream (une chanson où il est question d’une femme amoureuse d’un homme, et qui à chaque fois qu’elle le voit fantasme une relation impossible avec lui) en y ajoutant une touche « street ».

Pour ce faire est appelé en renfort un spécialiste du genre : Puff Daddy. Ce dernier redécoupe ainsi dans les grandes largeurs le sample utilisé précédemment, Genius Of Love du Tom Tom Club sorti en 1981.

Ne manque plus qu’à ajouter un rappeur sur ce « Bad Boy remix » et le tour est joué.

Champagne et diables blancs

Mariah suggère alors à la stupéfaction générale d’engager ODB dont elle est une grande fan, et ce notamment en raison de sa collaboration remarquée avec le groupe de filles r&b SWV.

Sur le papier, c’est peu dire que ce mélange des genres paraît incongru, tant le Sal’ Vieux Bâtard et son grain de folie déjà légendaire sont à mille lieux de l’univers de la diva.

Le rappeur accepte pourtant la collaboration contre 15 000 dollars, une somme conséquente au milieu des 90’s, mais qui rentre dans le budget de l’album.

Quand vient le jour de l’enregistrement, ODB se pointe à 22h30 avec trois heures de retard. Complètement éméché, le téléphone collé à l’oreille, il hurle à la fille avec qui il est au bout du fil qu’il va venir la tuer, avant de lui susurrer qu’il l’aime… puis de recommencer encore et encore une heure durant.

Une fois ce petit manège terminé, il refait surface et demande au directeur artistique Cory Rooney qu’on lui apporte « du Moët et des cigarettes Newports » avant de rentrer en cabine. Ce dernier a le malheur de lui répondre qu’à minuit trente, il ne sait pas où trouver du champagne…

ODB entre alors dans une rage folle, traitant ces assistants de « diables blancs » et les accusant de ne « jamais donner aux noirs ce qu’ils veulent ».

Une heure plus tard, lui sont dégottées quelques Heineken. Guère calmé, il jette une bouteille par terre.

Pendant ce temps, Mariah Carey appelle toutes les heures histoire de s’assurer du bon déroulement des choses. Excédé, Tommy Mottola finit lui par joindre directement ODB qui se décide finalement à s’atteler à la tâche… à son rythme.

Après avoir posé sa première ligne (« Me and Mariah, go back like babies with pacifiers »), il annonce qu’il a « besoin de prendre une pause » et part dormir 45 minutes. Une fois réveillé, il enregistre deux, trois lignes puis s’assoupit une nouvelle heure. Une fois son couplet terminé (dont on sent à la réécoute qu’il a été posé en trois fois), il prévient l’ingénieur du son « qu’il a intérêt à bien avoir enregistré le tout », ajoutant « je ne vais pas me retaper ça deux fois ».

« Un miracle »

Toujours est-il qu’au final Mariah et Mottola adorent sa contribution à ceci près que le big boss de Sony insiste pour qu’en lieu et place du « New York in the house » qui fait office d’introduction, le rappeur décline un maximum de villes

ODB réclame alors un nouveau chèque de 15 000 dollars pour retourner en studio (!).

Et une fois sur place rebelote, sauf qu’en plus de pioncer entre les prises, ses chaussures empestent tellement que l’équipe le laisse tout seul dans la control room.

L’histoire de ne s’arrête cependant pas là puisqu’une semaine plus tard vient le moment de tourner le clip réalisé par Mariah Carey elle-même. Après avoir négocié une troisième rallonge de 15 000 dollars (!), ODB finit par se pointer en limousine, non sans avoir vidé le mini bar au préalable

Une fois sur le plateau, il refuse que le styliste lui choisisse des vêtements avant de se raviser et d’emprunter la carte de crédit du label… avec laquelle il tente de s’acheter de la bagagerie Louis Vuitton au prétexte qu’elle lui servira pour le clip.

Dirty finit par revenir avec des sacs Tommy Hilfiger, une paire de Timberland et une idée en tête : « Je ne vais pas porter de haut, je n’ai pas besoin de vêtements »… avant de suggérer que le clown engagé dans le clip soit attaché derrière lui lorsqu’il rappe. Une fois la mise en scène réglée, il descend en pleine chaleur deux bouteilles de schnaps goût pêche.

Si comme le résumera 20 ans plus tard Cory Rooney dans Billboard cette journée fut « un désastre » et le clip « un miracle », cette collaboration entre la belle et la bête a ouvert les portes de la musique mainstream au rap, initiant ce qui est devenue une norme aujourd’hui.

Merci ODB.

À LIRE AUSSI 
Que sont devenus les membres du Wu-Tang Clan ? [DOSSIER]

Retrouvez tous les articles de la série « Ce jour où… » en cliquant ici.

Top articles

Dossiers

VOIR TOUT

À lire aussi

VOIR TOUT