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« Beg For Mercy » : le vrai classique du G-Unit et 50 Cent ?

« Beg For Mercy » : le vrai classique du G-Unit et 50 Cent ?

Oui, on a le droit de préférer ce disque à « Get Rich Or Die Tryin’ »…

Avant que 50 Cent ne devienne à proprement parler 50 Cent, il y a eu les mixtapes du G-Unit.

God’s Plan, No Mercy, No Fear, 50 Cent Is the Future… sorties un an avant qu’il n’explose aux yeux du grand public, elles constituent le point de départ de la stratégie de conquête du monde de l’ogre Shady/Aftermath. Rappant à la chaîne sur les beats des autres, Fiddy flanqués de ses acolytes de toujours Lloyd Banks et Tony Yayo s’en donnaient alors à cœur joie sur leurs thèmes de prédilection (les flingues, les chattes, le crack et l’argent du crack).

Et c’est ainsi qu’une fois le succès au rendez-vous, l’auteur d’In Da Club devenu entretemps chef de label a invité ses homies (plus Young Buck) à venir poser avec lui sur un album en bonne et due forme.

Sorti le 14 novembre 2003, si Beg For Mercy ne pouvait pas ne pas cartonner (4 millions de ventes sur le sol US), l’opus n’en est pas moins un peu tombé dans l’oubli depuis.

À l’occasion de son seizième anniversaire, tentons de rééquilibrer la Force.

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1. G-Unit

Une solide entrée en matière qui voit Young Buck avoir l’honneur de poser le premier, suivi de 50 Cent, puis de Lloyd Banks qui vient conclure les débats.

Ça parle de guns une rime sur deux, ça dédicace le nom du crew dans les couplets et le refrain (« Geeeeeeeeeeeeeeeeee-Uuuu-oooo-Nit! »), ça menace la concurrence à tout-va… Bref, rien de bien original pour qui connaît le pedigree des trois lascars, mais au moins tout le monde sait à quoi s’attendre pour la suite.

2. Poppin’ Them Thangs

Difficile de faire plus Aftermath que cette boucle de piano composée par Scott Storch. Difficile aussi de faire plus entraînant.

Étonnamment peu présent sur l’album avec deux petites coproductions au compteur (dont celle-ci), Dr. Dre ne fait pas moins sentir son influence tant la bande de beatmakers débauchés pour l’occasion (Nottz, Hi-Tek, Sha Money XL, Thayod Ausar…) s’évertue du mieux qu’elle peut à émuler le son de 2001 sur toutes les autres pistes.

De là ce sentiment bizarre d’écouter tout du long du Dr. Dre sans Dr. Dre.

3. My Buddy

Bien que Fiddy, Buck et Banks se soient tous pris plusieurs balles dans le buffet du temps où ils squattaient le pavé, ils n’en cultivent pas moins une fascination parfaitement assumée pour les armes à feu.

Preuve en est ici avec cette ode pas subtile pour un sou qui joue de l’analogie entre leur flingue et leur meilleur ami.

Notez que le refrain reprend la mélodie d’une publicité pour jouet des années 80 (impossible de réécouter le titre de la même manière une fois qu’on le sait) tandis que l’intro sample la scène finale de Scarface – 50 ne résistant évidemment pas au plaisir de balancer des « Say hello to my little friend » de circonstance.

4. I’m So Hood

L’ami Curtis Jackson s’offre ici un solo rien que pour lui, chose parfaitement compréhensible, mais dont on peut légitimement se demander si elle est absolument nécessaire ?

Omniprésent sur le disque (genre TOUS les refrains sont de lui), le boss du G-Unit tend parfois à un peu trop asphyxier ses deux acolytes qui sont pourtant loin d’être des manches au micro.

C’est d’autant plus dommage que, désireux de prouver leur valeur, ces derniers n’ont jamais été aussi bons que sur Beg For Mercy.

5. Stunt 101

Arrogant depuis le départ, le trio prend un malin plaisir à en remettre une couche avec ce lead single qui célèbre leurs réussites passées, présentes et futures.

Bon clairement l’effet n’est pas le même qu’à l’époque sachant qu’aujourd’hui toute la troupe est fauchée.

Mention spéciale pour le clip qui entre les sapes triple XL, le placement de produit pour les sneakers G-Unit et le cameo de Brandy donne l’impression de voyager dans une machine à remonter le temps.

6. Wanna Get To Know You (Ft. Joe)

Ayant bien retenu la leçon du carton 21 Questions (merci Ja Rule), Fifty passe ici la seconde en matière de rap mélangé à du rnb en invitant le chanteur Joe à venir roucouler sur un sample de Marvin Gaye.

Bien lui en a pris, l’exercice va à merveille à Buck et Banks qui se permettent même de surpasser leur patron un peu trop deux de tension sur ce coup.

Et pour ceux qui demandent du rab, joies du marketing croisé, un Joe featuring G-Unit existe également.

7. Groupie Love

Nouvelle histoire de love (enfin pour peu que l’on considère des lignes à la « lick me baby, then lick Dr. Dre and Shady » comme du love) qui voit Tony Yayo y aller de sa première apparition.

Pas de chance pour lui, le morceau est à l’image de son couplet : pas particulièrement mauvais, mais pas particulièrement mémorable non plus.

Re-pas de chance pour lui, son incarcération pour port d’arme l’a empêché de participer au film porno du même nom tourné par le crew.

8. Betta Ask Somebody

Retour aux choses sérieuses avec cet egotrip tout ce qu’il y a de plus classique, à ceci près que dans la première partie des années 2000, il pouvait tout à fait être pris au premier degré : que ce soit dans les caisses ou dans les clubs, le Unit était partout.

Après, on aime ou on n’aime pas ce genre de prod synthétique.

9. Footprints

Qui a dit que ce presque solo de Young Buck aurait bénéficié d’être un solo à part entière tant l’incruste de 50 gâche un peu l’affaire ?

Recruté pour draguer le public sudiste, David Darnell Brown prouve encore une fois de plus que, loin d’être un bouche-trou, il méritait amplement d’avoir accès à des beats premium (Footprinst en est un excellent exemple) plutôt qu’aux crunkeries alors en vogue dans son terroir.

10. Eye for Eye

Un refrain biblique, une prod’ tout ce qu’il y a de plus smooth de Hi-Tek… et un « Lloyd Banks the one and only » en feu qui vole sans vergogne la vedette à ses comparses.

Ah, si seulement il avait daigné taffer (et sourire) un peu plus par la suite, qui sait si l’autoproclamé PLK (« Punch Line King ») ne serait pas devenu un roi de New York ?

11. Smile

Il est de ces morceaux dont on sent dès la première note qu’ils sont des tubes.

Magnanime, 50 Cent l’a cependant refilé à son poto de South Jamaica qui, non content de transformer suavement l’essai, décroche là bien avant Drake son ticket au club des rappeurs-loveurs.

[Ah, si seulement…]

12. Baby U Got

Et encore un son pour les meufs.

Pas grand-chose à dire sinon qu’il fait pâle comparaison avec le précédent, nos ghettos boys donnant le sentiment de se contenter d’inverser l’ordre des mots d’une piste à l’autre pensant là réussir à masquer la pauvreté des lyrics.

Un bon gros filler quoi.

13. Salute U

Young Buck et Lloyd Banks prêtent allégeance de toute leur force trois minutes durant au général 50, tandis que Yayo y va de sa courte apparition dans l’outro.

Un titre, efficace mais qui là encore souffre d’être écouté à la lueur de ce qu’est devenu le G-Unit quinze ans après les faits, tous nos loyaux soldats s’étant entretemps joyeusement pris le bec avec le maître des lieux.

14. Beg for Mercy

Ambiance militaire toujours, probablement le banger préféré de tous ceux qui frappaient dans le sac à l’époque.

Ou comme le dit Fifty : « Pas de négociation, pas de drapeau blanc, pas de pitié ».

C’est court, c’est nerveux, et ça s’écoute en replay.

15. G’d Up

Dre et Storch font de nouveau équipe pour la piste la plus « introspective » de la tracklist, ce qui en 2004 pour un gangsta rappeur se limite entre deux menaces à évoquer brièvement l’un de ses parents.

Beaucoup moins percutant que Poppin’ Them Thangs, si G’d Up se laisse toutefois gentiment écouter, sur le papier on était en droit d’en attendre un peu plus.

16. Lay You Down

Dans la droite lignée de l’album, un titre solide où chacun fait le taf quand bien même 50 lâche qu’il n’a « rien à prouver ».

Si jusque-là vous avez kiffé la vibe, pas de raison que ça change donc.

17. Gangsta Shit

Un concentré de hood rappé sous stéroïdes où sont visées les grenouilles de la street et de l’industrie qui s’amuseraient à trop vouloir se la jouer bœuf.

Crapuleux en diable, amoral, brutal, vindicatif… l’un des tous meilleurs morceaux de Beg for Mercy.

De quoi presque vous donner l’envie de lâcher la fac et le journalisme pour aller bosser dans une crack house.

18. I Smell Pussy

Impossible pour 50 Cent de ne pas conclure sans envoyer une série de piques à ses ennemis jurés du Murder Inc. quand bien même le thème du morceau, la pimpologie, n’a que peu à voir avec ce clash.

Du coup, tout comme la très poussive ligne « Take me to ecstasy without taking ecstasy », peut-être cela n’était-il pas fondamentalement nécessaire ?

Autre bémol : Buck est ici absent au profit de Yayo alors qu’il eut été tout à fait logique de conclure les débats par une réunion complète du collectif.

Verdict : meilleur que « GRODT » ou pas ?

De un, n’en déplaise aux fanatiques, il n’est pas interdit de poser la question. De deux, si l’on met de côté l’impact culturel du solo de Fiddy (ce qui est tout sauf rien) pour se concentrer exclusivement sur la musique, BFM a plus d’un argument à faire valoir : l’ensemble est plus versatile, les singles tuent, il y a moins de tracks dispensables, Lloyd Banks et Young Buck apportent une vraie plus-value et Tony Yayo est en prison.

Pour ce qui est du statut de classique en revanche c’est plus compliqué, ne serait-ce qu’à cause des lyrics un peu trop bas de plafond ou de l’absence de véritables anthems.

Lot de consolation, Beg For Mercy s’arroge sans soucis la palme du meilleur album de crew, loin devant tous les MMG, D.I.T.C., St. Lunatics et GOOD Music de la Terre.

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PS : pendant qu’on y est, la bande originale du film Get Rich Or Die Tryin’ vaut la peine de s’y attarder.

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