Plus de trois décennies de hip hop vous contemplent les loulous…
1. Élevé par des parents amateurs de jazz et de soul, très tôt William Griffin Jr. est tombé en admiration devant les grands saxophonistes comme Dexter Gordon, Charlie Parker et surtout John Coltrane.
Inspiré par son grand frère qui pratiquait à l’occasion, il a dans un premier temps appris à jouer de cet instrument en imitant ses gestes.
2. Il est le neveu de la chanteuse soul Ruth Brown qui dans les années 50 était surnommée « la Reine du r&b ».
3. À douze ans, il s’est fait chopper par la police avec un gun.
4. Alors qu’il rappait sans trop prendre la chose au sérieux, il utilisait comme tout premier alias Kid Wizard.
5. À 16 ans il s’est converti à l’islam avant de rejoindre la Nation des Dieux et des Terres, alias les 5%, un mouvement qui s’inspire des préceptes du Coran sans toutefois les reprendre à la lettre.
C’est à compter de ce moment qu’il s’est fait appeler Rakim Allah.
6. La toute première fois qu’il a rencontré Eric B., le courant n’est pas spécialement bien passé.
À la recherche d’un rappeur pour former un binôme, Eric Barrier avait entendu dire par une connaissance commune que Rakim était le meilleur rappeur du coin. Il s’était alors pointé chez lui pour le démarcher sans l’avoir jamais rencontré auparavant, ce que Rakim n’avait guère apprécié.
7. Avant cette rencontre, Rakim n’avait jamais songé à faire du rap son métier, lui qui rêvait plutôt d’une carrière dans le football américain.
« J’étais déjà content d’être un rappeur local. Ce qui me branchait c’était d’aller à l’université pour jouer quarterback. »
8. À lui seul, Rakim a révolutionné le flow. Contrairement tous les autres rappeurs qui auparavant scandaient leurs textes, il est le premier à avoir ralenti sa diction et ajusté son écriture pour épouser l’instrumentale.
Syntaxes, argot, temps des rimes, ordre des mots… c’est peu dire qu’en 1987 l’album Paid in Full a chamboulé les règles et les esprits.
9. Chacun de ses couplets obéit à un procédé d’écriture de son invention : avant de poser sur papier le moindre mot, il commence par représenter sur une feuille chacune des seize mesures sous forme de points, puis trace une grille en bas de sa page qu’il remplit de mots rimant entre eux.
Ceci posé il est alors en mesure d’entrelacer rimes et assonances en ayant une vision d’ensemble de la structure du morceau.
10. Loin d’être de se contenter de tenir le micro au sein de son duo avec Eric B., Rakim officiait également en tant que beatmaker. Tandis que son compère s’occupait principalement des scratchs, il a selon ses dires produit les trois quarts de leurs instrus.
11. Si après quatre albums communs Eric B. et Rakim ont fini par faire chemin à part en 1993, c’est à cause d’une embrouille d’ordre contractuelle.
Désireux de renégocier au plus vite avec MCA, Eric B souhaitait en effet que lui et son acolyte enregistrent un solo chacun pour remplir au plus vite leurs obligations. La pirouette a cependant eu du mal à passer, et ce d’autant plus qu’en parallèle les relations entre les deux hommes ont commencé à se tendre.
Résultat, leur tout dernier titre ensemble fut Heat It Up sur la bande originale du film Gunmen sorti en 1993. Il faudra ensuite quatre ans supplémentaires pour que le R puisse revenir en solo avec The 18th Letter.
12. Sans surprise, plusieurs rappeurs ont fait appel à ses talents d’écriture comme Dr. Dre ou le basketteur Shaquille O’Neal, quand bien même aucun des titres sur lesquels il a bossé avec eux n’est jamais sorti.
13. Contrairement à la légende urbaine, Rakim n’a pas écrit le hit Summertime de Will Smith et Jazzy Jeff. En revanche, il est vrai que le beat lui était à la base destiné avant qu’il ne le refuse et qu’il n’a pas spécialement apprécié que le Fresh Prince lui pompe ensuite allègrement son style.
« Quand j’ai entendu Summertime pour la première fois, j’étais à la fois content de faire des émules, mais j’étais aussi amer de m’être fait voler de la sorte. »
14. Rakim a refusé de tourner dans Juice (le film qui a révélé 2Pac comme acteur) au motif qu’il ne souhaitait pas jouer un rôle stéréotypé de braqueur de banque. En contrepartie, il a néanmoins accepté d’enregistrer un titre pour la bande originale, Know-The-Ledge.
15. Bénéficiant d’un respect immense sein de la communauté hip hop, en juillet 2004, il a fait la couverture du magazine Radikal quand bien même il n’avait à l’époque aucune actu.
16. En 2004, Nas a rappé sa biographie dans le morceau U.B.R. (Unauthorized Biography Of Rakim).
L’hommage n’a toutefois pas spécialement plu au God MC qui a publiquement regretté de voir sa vie étalée de la sorte, qui plus est sans qu’Esco ne le consulte en amont.
17. En 2001, lorsque ce même Nas est parti clasher jay Z avec Ether il est allé auparavant prendre conseil auprès de Rakim.
Toujours est-il qu’entre l’auteur d’Illmatic et celui du Blueprint, Ra refuse de désigner un vainqueur : « Je ne peux pas les comparer, ils n’étaient pas dans le même état d’esprit. Nas lui était dans une logique de battle pure et dure quand Jay Z faisait des tubes pour passer en radio. »
18. Loin d’être un ronchon qui vit dans le passé, Rakim valide bon nombre de rappeurs actuels (Kendrick Lamar, J. Cole, Eminem, Kanye West…), quand bien même il regrette la prédominance des intrus et des adlibs sur les textes et les skills.
19. Signé sur Aftermath au début des années 2000, il était prévu qu’il enregistre Oh My God, un album commun avec Dr. Dre à la production.
Si le projet n’a jamais vu le jour c’est selon lui c’est à cause de la volonté de Dre de l’emmener sur le terrain du gangsta rap.
20. Si à l’état civil A$AP Rocky s’appelle Rakim Mayers c’est parce que ses parents étaient fans du « Dieu MC » – Rocky lui fera d’ailleurs un clin d’œil en 2015 en intitulant son second solo A.L.L.A.
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