Actualités Musique

Timal, le bagarreur de la rime [PORTRAIT]

Timal, le bagarreur de la rime [PORTRAIT]

Rencontre avec l’artiste, à l’heure de la sortie de son premier album.

Dans la galaxie des jeunes loups du game hexagonal, Timal a sûrement un tour d’avance. Fort d’une importante fanbase, le rappeur reste pourtant le même qu’à ses débuts. Proche des siens et toujours aussi street, il livre aujourd’hui son tout premier album. Trop Chaud, sans doute l’un des projets les plus attendus de l’année. Un opus apte à présenter tous ses talents et qu’il a pris le temps de travailler. Rencontre.

À LIRE AUSSI 
Wesh : Zoom sur le rappeur Timal ! [VIDEO]

Un artiste qui a su prendre du temps

C’est un fait, Timal en a mis du temps avant de sortir son projet. Qu’importe, car l’artiste sait ce qu’il fait, et sait ce qu’il vaut. Pour lui, la qualité prime sur la quantité. Loin de faire dans l’opus crash-test, il a préféré bosser sans relâche pour offrir du lourd. Une manière de procéder qu’il explique très simplement : « Le fait d’avoir attendu autant de temps avant de sortir ce projet, c’est voulu, c’est quelque chose de réfléchi. En vrai, je ne suis pas quelqu’un de pressé. Je fais ma musique dans mon coin et dès que je sens que c’est bon, je sors mon truc ».

Loin de se prendre la tête, il a donc fait ce qu’il avait à faire. Toujours petit à petit, car comme le dit le proverbe, tout vient à point à qui sait attendre. Point déterminant cependant, de sa célèbre première série de freestyles jusqu’à ses fameux Rapports, le rappeur a toujours été particulièrement suivi. L’artiste a su atteindre des millions de vues sur Youtube grâce à un rap sans faille, aussi bien dans l’écriture que dans l’interprétation. Un enthousiasme qui n’a pas poussé le rimeur a sortir un projet juste pour calmer sa fanbase : « J’ai attendu qu’il y ait de l’engouement, que les gens suivent vraiment avant de faire les choses en bonne et due forme ».

Si tu arrives avec un bon titre, cela permet de compenser l’attente. Je préfère taper fort que faire des trucs dans la précipitation

Cette méthode, celle d’agir pas à pas et de ne sortir que du lourd en dépit de la mode du moment, Timal l’applique également lorsqu’il enregistre simplement un titre. Un morceau, voilà une chose qui n’est pas à prendre à la légère selon lui. En un sens, on peu qualifier ce représentant du 77 comme un homme prudent, mais sûr de sa force : « Comme je le dis souvent, je préfère vraiment réfléchir à ce que je fais. Si un morceau doit mettre un peu plus de temps à sortir, ce n’est pas grave si c’est pour qu’il soit vraiment bien. Si tu arrives avec un bon titre, cela permet de compenser l’attente. Je préfère taper fort que faire les choses dans la précipitation. Quand tu veux faire les choses trop vite, tu peux faire n’importe quoi ».

Le même qu’à ses débuts

Comme décrit quelques lignes plus tôt, Timal est un rappeur sûr de sa force. Mais si le bonhomme sait où il va, c’est parce qu’il sait d’où il vient. Sérieux, particulièrement impliqué, il a les deux pieds bien collés au bitume de sa ville de Champs-sur-Marne. Les millions de vues et le succès qui débarque à sa porte ? Pas franchement de quoi l’impressionner, lui, l’artiste dont les textes sont intimement liés à la réalité : « Il n’y a pas de quoi changer. Par exemple, ce que je raconte, ça reste assez terre-à-terre. Et si je m’éloigne de ça, mon écriture va y perdre. Changer totalement d’univers, je ne pense pas que ce soit ce que les auditeurs attendent de moi ».

Ainsi, même quand il ose s’ouvrir à d’autres sonorités, il ne perd jamais ce qui fait son sel. Sur le morceau Vatos, il s’était essayé à un style plus dansant, plus ambiançant, mais tout en restant honnête. Peu importe le genre abordé tant que la réalité est au rendez-vous, comme Timal le déclare : « Tout dépend de la tendance, là, c’est l’été donc on peut proposer quelque chose dans ce genre-là. Mais même si on essaye de faire des trucs qui bougent un peu plus, il y a toujours cette même racine, le côté folie de la cité qui fait qu’on peut livrer des délires hors du commun ».

Si tu arrives avec un bon titre, cela permet de compenser l’attente. Je préfère taper fort plutôt que faire des trucs dans la précipitation

Proche des siens, Timal fonctionne « en famille ». Premier artiste signé sur la structure Daymolition, il bénéficie d’une équipe à l’écoute, garante d’un certain savoir-faire : « On sait se partager les taches et tout le monde donne ses idées, que ce soit moi ou mon entourage. C’est un tout. Au final, nos idées sont assez proches, on ne se perd pas ». Forcément, avec un album qui est sorti, la question des objectifs se pose. Et là encore, le Seine-et-Marnais n’élude rien : « Je n’ai aucun objectif. Déjà, je sors un CD, c’est bien. Qu’il fasse 1 000 ou 50 millions de ventes, je serais reconnaissant envers les gens qui écoutent ma musique. Au final, c’est ça, ce n’est que de la musique. Le rap est là, ça marche bien, tout le monde avance avec son propre truc ».

« Trop Chaud », un projet brûlant

Ce 27 avril, Timal débarque donc avec un Trop Chaud composé de 15 titres. Des morceaux produits par la beatmakers, assurément parmi les meilleurs du moment : BBP, Pyroman, Double X, Junior Alaprod, etc. Des personnes avec qui l’artiste collabore avec facilité : « Avec les producteurs, ça se passe super bien. Certains, ça fait même longtemps qu’on bosse avec eux. Tout se fait naturellement, il n’y a aucun stress. Dès fois, on n’a même pas besoin de parler, on sait sur quelle production ça va fonctionner ».

Elément marquant de son album, la capacité de l’artiste à se renouveler. S’il avait déjà tenté le coup sur le fameux Vatos, on croise un Timal dans un autre style sur les réussis Pirate et Maria. Une ouverture qu’il assume pleinement : « Je pense que mon album peut surprendre. On a mis un peu de tout, je me suis ouvert sur certains morceaux et il y a du rap comme je sais le faire sur d’autres. C’est vrai que des gens sont encore choqués de me voir sur des morceaux qui ambiancent plus. Peut-être que ça nous amènera à des surprises dans le futur, je ne sais pas, on verra ».

Il y a des rappeurs avec lesquels il y a une bonne entente et si un feat doit se faire, il se fera

L’autre chose à souligner, la présence d’un seul et unique feat, en compagnie de Meryl (Cartel). Une volonté claire de la part de l’artiste ? Oui, même s’il ne se ferme pas de portes pour de prochaines collaborations : « A la base, je ne suis pas venu dans l’option de faire beaucoup de feats. Dans le sens où je ne rien contre les rappeurs, mais j’ai commencé tout seul dans mon quartier. Au final, ça a fonctionne et on continue en famille, puis basta. Je fais mon petit truc de mon côté tranquille. Il y a des rappeurs avec lesquels il y a une bonne entente et si un feat doit se faire, il se fera ».

Intègre et garant d’une forte personnalité, Timal avance ainsi sans regarder dans le rétro. En faisant les choses à sa manière, il a réussi à imposer un rap nerveux, mais addictif. Et si cela fonctionne, pourquoi ne pas continuer ainsi ?

Crédits Photos : Antoine Ott

Top articles

Dossiers

VOIR TOUT

À lire aussi

VOIR TOUT