Découvrez les secrets bien gardés de Tout l’monde s’en fout, le single qui a fait exploser Fianso.
Dans le cadre de La Sélection du mois de janvier consacrée à Sofiane, Booska-P vous fait vivre le sixième volet des Secrets de la Création, un nouveau concept qui retrace la vie du morceau le plus important de la carrière d’un artiste. Rappeur ou autre, chaque acteur de la scène musicale connaît un titre dans sa carrière qui lui fait passer un cap. Cela peut être celui qui lui fait découvrir sa vocation, celui qui lance son ascension, celui qui marque une nouvelle direction artistique ou bien encore celui qui le fait exploser aux yeux du grand public. Pour Sofiane, un morceau s’imposait : Tout l’monde s’en fout.
Le single qui a ouvert toutes les portes
crédits photos : Antoine Duchamp
J’ai volé la prod’
L’explosion de Sofiane a connu son point culminant avec le morceau Tout l’monde s’en fout. Sorti le jour de la publication du projet #JesuispasséchezSo, le titre s’est révélé être un virage dans la carrière de Sofiane. Grâce à ce morceau kické, mais musicalement plus accessible qu’unToka, Sofiane a vu les portes s’ouvrir : « C’est un son qui m’a fait dépasser la sphère rap et le public rap. C’est aussi celui qui m’a ramené les enfants. C’est celui qui m’a ouvert, au sens large, au public » explique Fianso. Tout l’monde s’en fout passe en télé, tourne sur les ondes radio, accède à des médias que le rappeur du Blanc-Mesnil n’a encore jamais eu. « C’est ce qui m’a fait rentrer dans toutes les playlists ! » déclare Fianso.
J’ai utilisé la technique Stromae
Ce titre a une histoire particulière. D’abord pour le choix de l’instru, un poil mélancolique, que Sofiane a gentiment emprunté à la rappeuse Chilla… « Pour l’anecdote, j’ai volé la prod. C’était une instru qui était pour Chilla, et je l’ai volé. Elle me l’a laissée gratuitement parce que c’est ma pote et qu’elle est super gentille » raconte l’interprète de Toka.
Pour ce morceau qui boucle la mixtape #JesuispasséchezSo, Sofiane avait une idée en tête depuis un moment déjà, la technique dite « de Stromae ». Raconter des choses tristes sur une prod’ enjouée : « Je l’ai vu un peu comme un Alors on danse. Un mec comme Stromae, il te fait une chanson sur le cancer de sa mère et toi tu danses. Il te fait un Papaoutai qui raconte l’histoire d’un gamin qui n’a jamais vu son père de sa vie, des thèmes dramatiques, et toi tu danses. Cela a donné une espèce de mélancolie au truc. Tout l’monde s’en fout, c’est une expérience, c’est un test. »
Les mots glissent rapidement sur le papier. Un seul jet suffit à Fianso pour écrire deux fois 8 mesures. Avec le refrain samplé, il souhaitait un procédé simple, parfois contre la volonté de son producteur Tefa : « Le refrain se suffisait à lui-même donc va expliquer à un producteur comme Tefa qui a 25 ans de carrière que tu veux pas mettre de refrain parce que le sample de voix peut suffire, toute une bataille ! Je me suis battu pour qu’il reste comme ça et finalement le public m’a donné raison » explique Sofiane.
Et justement, toucher un autre public n’était pas nécessairement le but. Tout l’monde s’en fout n’est le fruit d’aucun calcul pour obtenir un hit en bonne et due forme. Il s’agit juste d’un format très apprécié de l’artiste, qui n’a pas attendu d’être bien exposé pour faire des singles : « J’ai été longtemps dans l’ombre, et je faisais déjà des chansonnettes, des singles, parce que je kiffe ce genre de sons et que je me fais plaisir. Quand on n’a pas de complexe de street credibilité, on s’fait plaisir, tout simplement. Des singles, j’en faisais déjà avant. J’ai pas cherché plus la musicalité que ça, j’avais cette prod et je savais qu’il fallait qu’elle soit dans mon disque. C’est tout ce que je savais.«
C’est très prétentieux de s’asseoir en studio et de dire « ça va péter »
Vu l’efficacité du refrain, des couplets, et l’ambiance qui se dégage du morceau, Sofiane flaire le potentiel, mais n’imagine pas encore l’impact du titre : « C’est très prétentieux de s’asseoir en studio et dire ‘ça va péter’. On en était pas du tout à cette étape là. J’étais en indépendant chez Musicast, j’avais pas de contrat chez Universal, j’avais jamais passé ce cap de playlist Skyrock, j’avais jamais fait de planète rap ». C’est sans parler du clip, que les gens découvriront le 27 janvier, jour de sortie de la mixtape.
Quand le fils de JoeyStarr improvise une chorégraphie
Je savais pas du tout que c’était le fils de Joey Starr !
Les morceaux de Sofiane sont toujours plus impressionnants quand on découvre l’énergie qu’il déploie dans ses clips pour les interpréter. Après avoir foulé le terrain de quelques-uns des quartiers les plus chauds de France dans les épisodes de #JeSuisPasséChezSo, le Parisien a adapté l’image à l’atmosphère de Tout l’monde s’en fout. Réalisé par l’équipe de Daylight, le visuel du morceau cumule aujourd’hui 66 millions de vues. Fianso avait une idée très précise de ce qu’il voulait et de comment il le voulait : un jeune garçon au premier plan, rappant le texte, lui et son équipe, flous au second plan sur un muret. L’artiste l’ignorait au début, mais le gamin casté pour le clip était en fait le fils de JoeyStarr et de la réalisatrice Leïla Sy. Sofiane raconte : « Je savais pas du tout que c’était le fils de JoeyStarr ! Je lui ai envoyé le titre 10 jours avant, je lui ai dit ‘Apprend-le’, je l’ai ramené à Stains, dans une cité, au Clos Saint-Lazare. Je lui ai mis un biberon dans la main, non alcoolisé évidemment, et la seule consigne, c’était amuse-toi ».
Le pas de danse, j’étais pas prêt du tout
Le fils des deux artistes est l’élément-clé du clip. La chorégraphie qu’il entreprend a surpris tout le monde, Sofiane le premier : « La petite surprise c’était le pas de danse. J’étais pas prêt du tout ! ». En plus de connaître le texte sur le bout des doigts, le garçon avait prévu les quelques pas de danse qui ont rendu le visuel magique, en adéquation parfaite avec l’esprit du morceau. En 45 minutes, le tournage était bouclé. Fianso se souvient : « On était en hiver, il faisait très froid donc on s’est dépêché. Et puis en plus je le voulais comme ça, je le voulais simple au possible. L’enregistrement a dû durer 15 minutes, donc au total t’as une heure de conception. Avec l’impact qu’il y a eu, imagine la rentabilité… »
Sur scène, c’est fort en chocolat
Le clip prend immédiatement. Personne ne l’attend, et encore moins sur un son de ce calibre : « Le fait qu’on balance le clip le jour de la sortie du projet, ça a fait exploser la semaine de streams. C’était les prémisses du stream d’ailleurs, et on en a bien profité ». Le succès est tel que le titre gagne rapidement la playlist de Laurent Bouneau, directeur des programmes de Skyrock, où les places sont chères, ainsi que des diffusions régulières en télé. Surtout, c’est un morceau qui attire un nouveau public, les familles notamment. Ce qui lui permet d’envisager un nouveau plan pour sa carrière : « C’est à cause de ce titre ,et de Mon P’tit Loup un peu plus tard, qu’on a pris le risque d’aller sur la route et de faire des tournées de salles. Parce-que là ça redevient la mode mais l’année dernière c’était hasbeen de faire des concerts de salles pour les rappeurs un peu comme moi. C’est ce titre qui m’a ramené les familles en concert ».
Et c’est justement sur scène que Fianso réalise l’ampleur du phénomène, avec déjà une tournée au compteur et un paquet de showcases. Il joue le morceau deux fois, en entrée et en sortie de show. Sans surprises, les flashs sont de sortie : « En showcase ? Bien sûr que je le joue ! J’vais me gêner ! J’ai une mer de flashs devant moi, j’envoie Tout le monde s’en fout et ça rate jamais » indique le rappeur du 93.
C’est pas un classique, c’est ma référence
Devant le raz-de-marée, Sofiane prend la décision de remettre Tout l’monde s’en fout sur son premier album Bandit Saleté, sorti deux mois et demi après: « Ce titre était en pleine vie. Après #JesuispasséchezSo et Tout l’monde s’en fout, j’avais l’exposition nécessaire pour qu’un plus large public attende ce titre, voilà pourquoi je l’ai remis sur Bandit Saleté. »
Pour autant, Fianso ne parle pas de classique, bien au contraire: « Classique, c’est has been… C’est pas un classique, c’est ma référence. Ca fait partie de mes références. Le petit renoi qui danse dans la cité, le blocage de l’autoroute, l’envahissement chez Ardisson… Cela fait partie des points qui m’ont fait connaître. Tout l’monde s’en fout c’est ma référence avec Mon p’tit loup et Toka, voilà. C’est les trois titres qui ressortent le plus ».
« Affranchis », disponible depuis le 26 janvier
Annoncé sur la scène de La Cigale, ce deuxième album de Fianso risque d’avoir une saveur particulière. D’abord parce qu’il est très attendu, mais surtout parce que celui qui donne la parole aux rappeurs de France et de Navarre dans son émission du Cercle s’est mis lui-même la pression face à un projet qu’il a décidé d’enregistrer seulement après en avoir évoqué la sortie. Depuis, Sofiane n’a présenté que deux titres: le très entêtant Longue Vie en featuring avec Ninho et Hornet La Frappe et le street Sous Contrôle.
A chaque sortie, le grand fédérateur du game braque les streams, et Affranchis ne dérogera pas à la règle. Avec la création de son label Affranchis Music et l’expérience acquise en tant que tête d’affiche du rap français, Sofiane a probablement pris soin de contenter différents publics; ceux qui l’attendent sur des bangers sulfureux, et les autres dans l’expectative d’autres singles plus ouverts qu’on entendra partout, comme un Tout l’monde s’en fout.
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