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ISK : Jeune, acharné et ambitieux [PORTRAIT]

ISK : Jeune, acharné et ambitieux [PORTRAIT]

Rencontre avec le rappeur à l’occasion de la sortie de son projet « Le mal est fait », prévue pour le 20 mars.

Il y a des rappeurs comme ça, qui arrivent à imprimer leur style dès la première écoute. C’est le cas d’un ISK qui malgré son jeune âge parvient à envoyer à travers un flow gutural des punchlines aussi nerveuses qu’empreintes de vérité. De son rap collé au bitume que beaucoup ont croisé dans sa série de freestyles Acharné, il en a sorti une musique évolutive, également chantée désormais, à découvrir dans son projet Le mal est fait. Disponible le vendredi 20 mars, la mixtape nous est présentée aujourd’hui par l’artiste en personne, qui est passé par nos locaux. Sélectionné dans notre liste des 11 rappeurs à suivre en 2020, il a fait le point sur son rap en y mêlant pas mal d’anecdotes personnelles.

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La passion avant tout

A première vue, ISK peut paraître secret. Au détour de l’émission Wesh de notre Booska Colombien Nico, c’est l’impression que peut laisser paraître le bonhomme. Pourtant, son aisance en cabine en atteste, le rappeur a de l’énergie à revendre. Arrivé dans nos bureaux en compagnie de son équipe, il s’avère sûr de son fait. Loin de se cacher derrière son statut de rookie, il sait ce qu’il veut et ce qu’il dit. Ainsi, pas d’opportunisme dans l’air, quand il s’agit de rap, c’est seulement la passion qui fiche la machine en route : « J’ai toujours voulu rapper pour rapper. A la base, c’est vraiment une passion. La musique, je ne pouvais pas m’en passer. Lors de n’importe quel trajet, il fallait mes écouteurs avec moi, tout le temps. J’étais matrixé. »

Dès lors, il suffit de trouver son style, sa voix, sa voie. Chez lui ça passera par le kick pur et dur, mais surtout une série de freestyles évoquée dans les lignes ci-dessus. Si son premier morceau est chanté, il s’aperçoit vite que sa principale arme se trouve ailleurs : « Les débuts au chant, j’ai trouvé ça compliqué. La deuxième séance était beaucoup plus simple, tout a été posé beaucoup plus rapidement. En kickant, j’ai trouvé mon style, celui qui me convient. Quand tu kickes, tu n’as pas besoin de vocodeur, c’est ta propre voix, toi même qui fait la différence. » Ne reste plus qu’alors à enfoncer le clou avec une sacrée détermination, car acharné, il l’est particulièrement au studio : « Avant, on n’avait pas les mêmes moyens. Il fallait être efficace, une séance studio devait forcément déboucher sur quelque chose de bien. Moi, les journées au studio, j’attendais ça comme un enfant. La passion, si tu ne l’as pas, c’est impossible d’avancer. Sinon tu ne fais que les choses par intérêt et pas pour toi, ton kiff personnel. »

J’ai toujours voulu rapper pour rapper. A la base, c’est vraiment une passion. La musique, je ne pouvais pas m’en passer

Pour avancer et arriver jusqu’à l’enregistrement d’un premier projet en bonne et due forme, il se donne les moyens de ses ambitions. Pas question de laisser des choses de côté, ISK se fixe un rythme particulier et ne travaille que sur de longues plages horaires. Le travail en studio correspond à des sessions de six heures à chaque fois, parfait pour favoriser son écriture et forger sa mentale de bosseur : « J’ai mon processus, c’est devenu une habitude, quelque chose de normal. Je préfère être carré, j’ai ma manière de travailler. Dans n’importe quel domaine, il faut avoir un minimum d’organisation pour réussir. »

Entre Montréal, la Tunisie et le 77

Travrailleur, donc, même si les thèmes de ses chansons viennent au feeling, comme il l’indique : « Il y a des choses qui viennent comme ça et qui retombent sur moi. Il y a des sons qui évoquent des problèmes qui se sont réalisés. Parfois, c’est bizarre. Je ne calcule pas, je préfère que la prod’ me parle au studio et ça part. C’est l’instru qui m’aiguille, je n’arrive pas à l’expliquer, ça vient du coeur. Si je réfléchis, ça ne sera pas sincère. »

Un feeling également partagé aujourd’hui avec sa famille. Car oui, il a attendu que ses parents valident sa démarche. S’il a mis un peu de temps avant de dévoiler à sa mère son tout premier morceau -une semaine-, les choses sont aujourd’hui claires avec des proches qui le suivent : « Au début, j’avais honte. Mon premier son, lorsqu’il est sorti, j’étais au bled. Je ne me sentais pas bien. J’avais une boule au ventre, car je n’avais pas fait écouter le son à ma mère. Après, c’était bon et j’étais libéré. Je ne sais pas pourquoi j’étais comme ça. Ma daronne a grandi ici, dans le même quartier que moi, donc elle comprend. Mon père, il n’est pas d’ici à la base donc au début il ne calculait pas ma musique. Maintenant, il suit un peu plus. Ma mère, elle me soutient beaucoup. Elle est fière, c’est l’essentiel. La mission est réussie. »

Ma mère, elle me soutient beaucoup. Elle est fière, c’est l’essentiel. La mission est réussie

Des parents qu’il a suivis entre Montréal, la Tunisie et donc, la France, direction le 77. Une histoire assez originale, mais qui n’a pas de quoi faire perdre pied à notre rappeur : « Je suis né au Canada, je suis allé au bled et je suis revenu en France. Etre né au Canada, ça change, je m’en vante un peu, ça ne va pas plus loin. Ceux de ma génération, ils sont nés à Meaux ou à Melun… Moi c’est à Montréal (rires). Cela peut être un petit plus, car c’est un parcours atypique. Ce n’est pas tout le monde qui a vécu ça. Après, je ne suis pas en train de dire que je suis unique, je suis comme tout le monde. »

La mixtape, première pierre de son édifice

Adepte d’une vraie discipline, faisant confiance à son instinct pour ses textes, spécialiste du kick, mais ouvert au chant, ISK est fin prêt pour dévoiler sa première mixtape. Baptisée Le mal est fait, elle résume l’état d’esprit d’un jeune gars passionné, intransigeant, mais qui a su évoluer pour par exemple, être invité à performer dans l’émission de Fianso Rentre Dans Le Cercle, ou se retrouver dans notre liste des 11 rappeurs à suivre en 2020. Signe du destin, le projet sera livré le 20 mars, date de son anniversaire. Suffisant pour lui faire « réaliser ce qui est en train de se passer. »

Pas question de prendre la grosse tête pour autant. S’il est confiant sur les plateformes de streaming avec un premier essai qu’il juge abouti, le natif de Montréal sait pourquoi. Son credo se matérialise entre passion et travail. Pour se perfectionner, il n’hésite pas à écouter ses propres réalisations : « Mes sons, je les écoute de fou. C’est peut-être narcissique, les gens peuvent trouver ça bizarre, mais pour moi c’est normal. Les morceaux que je sors, il faut que je les valide un minimum. Même si on travaille en équipe, impossible pour moi de sortir un son que je n’aime pas. Après, j’arrive à prendre du recul. Il y a des sons à moi que je trouve complètement nuls. »

Je suis sûr de mon projet, j’en suis fier, mais je n’ai pas envie de stagner

Une fraîcheur qui ne lui fait pas oublier son objectif principal, celui de ne pas stagner. S’il a désormais l’esprit plus ouvert en ce qui concerne le stylisme de ses clips et le chant, il n’oublie pas d’où il vient, armé d’une envie de toujours progresser : « C’est important de garder son propre style. Les gens qui m’ont connus, c’était via les freestyles Acharné, alors il ne faut pas non plus tout casser d’un coup. Mais au studio, j’ai renversé beaucoup de choses… Le but de mon projet, c’est de montrer qu’il y a une évolution. » Face à cette analyse précise, impossible pour nous de ne pas lui laisser le dernier mot : « Je suis sûr de mon projet, j’en suis fier, mais je n’ai pas envie de stagner. » Qu’on se le dise, ISK pense déjà à la suite…

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