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Josman : « Je me vois plus comme un artiste qu’un rappeur » [PORTRAIT]

Josman : « Je me vois plus comme un artiste qu’un rappeur » [PORTRAIT]

A l’occasion de la sortie de son projet « 000$ », Booska-p a rencontré Josman pour parler de son parcours dans la musique.

Crédits photo : Antoine Ott

212 km séparent Vierzon de Paris. Quelques stations seulement nous séparent de notre point de rendez-vous. C’est au coeur du 11ème arrondissement de Paris que l’on retrouve Josman. Il est de ceux qui mènent leur barque en solitaire, s’entourant seulement de quelques proches, triés sur le volet. Cet après-midi, il est venu accompagné de Eazy-Dew, rappeur/producteur ultra-présent sur son dernier projet, mais pote avant tout. Le soleil tape fort dans le ciel, le bar qui nous accueille offre le rafraîchissement idéal. Assis autour d’une table, on tente de décrypter avec le principal intéressé les rouages de son parcours, record.

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Ses premiers pas

Josman n’aime pas parler dans le vide. Sa présentation est sobre, au même titre que ses mots. Son premier contact avec la musique, plus que le rap, remonte à son enfance, comme pour beaucoup. Sa famille, en guise de gouvernail, lui apporte ses premiers souvenirs : « Ma soeur écoutait du rap, ou plutôt de la musique. C’est plus un souvenir d’une voix sur de la musique que du rap en lui-même, mais les premières fois que j’ai entendu du rap, c’était grâce à ma soeur ». Il a autour de 14 ans lorsqu’il décide de s’essayer, car c’est bien de cela qu’il s’agit à l’époque, au rap. Un logiciel pour faire des prods, quelques textes grattés sur un coin de feuille, ce qu’on peut trouver dans la chambre d’un ado de son âge au final. La machine est lancée.

C’était la première fois que je montais sur scène pour me confronter à d’autres rappeurs, pour voir ce que je valais

Josman arrive en région parisienne à l’âge de la majorité. À cette époque, il écume les open mic, battles et scènes de freestyle en tout genre. On le retrouve aux « End of the Weak » Paris desquels il sort vainqueur en 2013 et dans plusieurs épisodes de la web-série « Piège de Freestyle ». Même si cette période est aujourd’hui solidement ancrée derrière lui, il reconnait en avoir tiré « de la spontanéité », son meilleur souvenir de scène se rattachant d’ailleurs à cette époque : « Mon premier open mic, c’était la première fois que je montais sur scène pour me confronter à d’autres rappeurs, pour voir ce que je valais ». Galvanisé par ces premiers pas, le battle emcee qu’il est à l’époque va vite se transformer en rappeur à part entière, naturellement plus que par choix.

« Pour moi quand tu freestyles c’est comme quand tu fais un morceau, mais en live ». Ses premiers morceaux justement, il les distille savamment, jusqu’à sa rencontre avec Vladimir Boudnikoff et le Studio Vova. En découlera un EP, son premier, « Échecs Positifs ». Un projet 9 titres sur lequel on croise Ol Kainry et Veerus. Il ne souhaitera pas revenir en détail sur cette première expérience : « À un moment on s’est séparés, pour des raisons professionnelles, mais on est en très bon termes ». Cela lui aura permis d’effectuer ses premiers pas en studio et d’intégrer les bases pour structurer ses morceaux. On comprend que, comme beaucoup d’autres artistes avant lui, le « besoin de faire le truc tout seul » a pris le dessus et quand on voit ce que cela a donné, on est en droit de se dire qu’il avait probablement raison.

Le moment où je rencontre Eazy-Dew correspond au moment où je cherche à me perfectionner en terme de prods

S’il y a bien une rencontre qui a été importante dans l’élaboration de la musique de Josman, c’est celle avec Eazy-Dew. Ils partagent la même formation, mais également la double casquette de rappeurs/producteurs. Potes dans un premier temps, ils décident de commencer à travailler ensemble en partant en vacances à Lisbonne. Ils emportent dans leurs bagages le matériel nécessaire et se mettent à enregistrer. Ce voyage au Portugal donnera naissance au « Fly Pack », une compilation de 3 titres; plus qu’un EP, qui marque le début de leur collaboration. À partir de ce moment là, Josman va se faire plus discret, bosser sur ses propres productions, travailler sa musique jusqu’à en définir l’équation parfaite. L’élaboration de la matrice commence maintenant.

Bienvenue dans la matrice

Maintenant épaulé par un ami et producteur qui, en plus de produire certains de ses morceaux, participe à l’élaboration du mixage et mastering de ses titres, Josman peut se concentrer pleinement sur sa musique : « Je décide d’acheter du matériel, de commencer à m’enregistrer seul, de concevoir et produire ma musique seul du début à la fin ». On sent une envie et un besoin de revanche dans ses paroles, Josman veut prouver, il veut démontrer que faire de la musique comme on l’entend et être exposé ne sont pas deux notions qui s’opposent. Au contraire, c’est cette émancipation qui va le faire passer à la vitesse supérieure. En plus de prendre part à la production de ses titres, il s’investit dans la réalisation de ses clips, aux côtés de Marius Gonzalez. Il maîtrise la totalité de son processus créatif et sort le 13 juin 2016 « Matrix », son second projet.

A cette période je veux juste faire de la musique comme je l’entends, l’exposition est venue d’elle même

Sur cette mixtape qui sort en téléchargement gratuit, il produit 6 des 9 titres du projet et co-réalise le clip du titre « Dans le vide » qui sera sa première vidéo à atteindre le million de vues. Sa musique est nouvelle, un cap artistique a été franchi. Les flows sont frais, les rimes puissantes et l’interprétation travaillée de près comme le démontre l’intro du projet. Le propos se durcit, Josman ne « fuck pas avec ces pussyboyz » et n’est « plus un rookie ». Sa vision s’assombrit et sa matrice tend vers la dystopie « Ok, ok, ta vie parait belle. Bienvenue dans la matrice ».

À peine 1 an plus tard, il récidive avec « 000$ », un projet plus fourni encore avec 14 titres et toujours aucun featuring à l’horizon. Il ne s’agit toujours pas d’un album mais d’un « projet test, la suite logique de « Matrix » ». La dystopie se nuance, même si la mélancolie est omniprésente. Les côtés sombres de « La Cage » et de « Megazord » s’opposent aux plus douces facettes de « Au bout » et « Dans le ciel ». Côté production, Josman est davantage en retrait avec 4 titres sur lesquels il appose son nom, contre 12 pour Eazy-Dew. Il s’implique par contre dans la réalisation de 4 de ses 6 clips sortis à ce jour. Lorsqu’on l’interroge sur ses influences et inspirations pour ce dernier projet, il répond immédiatement : « Pendant la conception, j’écoutais que « 000$ » (rires) ». Égo du rappeur ou vision artistique, difficile de déceler le vrai du faux, il est en tout cas très clair que Josman contrôle désormais son image aussi bien que sa musique, dans son ensemble.

Concentré sur sa musique jusqu’au bout, il concluera la rencontre par ces mots « On continue la tournée de « Matrix » et on enchaine à la rentrée avec la tournée de « 000$ » ». Simple, efficace, concis. Josman n’est définitivement pas de ceux qui parlent pour ne rien dire. La prochaine étape de « la suite logique » étant l’album, on ne saurait trop vous conseiller de garder un oeil sur Josman car ce prochain projet pourrait bien être celui qui le menera au succès.

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