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Ikaz Boi a un projet « Brutal » [INTERVIEW]

Ikaz Boi a un projet « Brutal » [INTERVIEW]

Après le coup de maître qu’a été la réalisation du « Triple S » de 13 Block, Ikaz Boi a décidé de revenir avec un projet, annoncé avec discrétion sur les réseaux, qui se nommera « Brutal001 ».

On le retrouve entre un train le ramenant de Lille et un avion à prendre pour le Maroc où il doit finaliser quelques plans pour son clip. Le transfuge de la Roche-sur-Yon (tout comme son proche acolyte Myth Syzer) a fait du chemin, depuis ses premières prods placées pour des rappeurs, de Chicago à Montpellier en passant par Bruxelles.

En se penchant sur les quinze titres de la ‘tape, on découvre un tracklisting plus qu’alléchant. Rien que la piste 2 mérite le détour, réunissant 13 Block et Joke pour un vibrant Ganja. Une sélection qui se veut internationale, puisqu’on peut également retrouver des rappeurs de Chicago comme KAMI et Adamn, ou encore le japonais Loota. A quelques jours de la sortie d’un projet qui sera le premier sur sa propre boîte de production, échange avec un beatmaker qui fait beaucoup de bien au rap français.

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Sur combien de temps as-tu créé ce nouveau projet, Brutal001 ?

Ikaz Boi : J’ai commencé l’été dernier à faire les sons.

Avais-tu déjà l’idée que ce soit un projet complet ?

Non pas forcément, j’avais juste envie de faire des sons pour moi un peu. Et c’est plus vers novembre que j’ai commencé à avoir l’idée de faire un projet et d’inviter des rappeurs et des chanteurs avec qui j’ai des affinités. Ça s’est fait comme ça, par des relations humaines. Et je l’ai créé un peu comme un film, parce qu’il y a des passages forts coupés d’un coup, et après des passages un peu cool, un mélange de prods sans rappeur, de featurings et d’interludes. Les ambiances assez différentes, ça crée un mélange un peu brutal, ce qui a donné le nom du projet. Je vais en sortir un volume tous les quatre mois.

C’est ambitieux

Oui c’est ambitieux.

C’est le rythme qu’il faut suivre aujourd’hui tu penses ?

Non, c’est le rythme auquel moi je produis. Après, le deuxième peut être beaucoup plus court que le premier, on verra. Et le fait d’avoir créé ma structure, ça me donne la liberté de sortir mes projets comme j’ai envie, et avec des clips, pour la première fois. J’ai mon équipe avec qui je travaille sur la direction artistique, Vincent Labas de Plus Mûrs studio, et Ben Dorado aussi, qui a bossé beaucoup avec Joke, qui a travaillé sur toute son image depuis Ateyaba. Lui c’est vraiment mon bras droit pour l’image. C’est lui qui m’a fait penser au nom du réalisateur pour mon prochain clip, c’est lui qui me donne un peu des avis là-dessus. Je suis bien entouré. Et c’est des gars avec qui humainement je m’entends bien, c’est des vrais amis.

Tu étais à Lille pour une soirée où tu mixais : tu mixais dans des soirées dès le début ?

Non, les soirées c’est venu bien après, il y a peut-être trois ans. Je suis quand même intermittent, du fait d’être DJ. Mais ce qui me passionne le plus c’est pas forcément d’aller mixer en club. C’est plus d’être chez moi tranquille et de faire du son. Après, y a des bonnes soirées, et ça me fait toujours plaisir de jouer des sons à moi. Le fait que les gens kiffent le son et savent que c’est moi qui l’ai produit, je trouve que ça donne une valeur à mon set. Y a toujours des gens qui demandent les sons que j’ai produits, c’est cool. Ou qui me demandent de jouer tel son que j’ai produit, ça m’arrive tout le temps. C’est stylé. Et je fais des sets sur mesure, je ne suis pas non plus un passeur de disques. J’essaie de me faire plaisir, de jouer des a cappella, mettre des prods dessus en live, direct. J’essaye de faire mon truc, comme si j’étais dans ma chambre. Et c’est aussi intéressant de jouer des sons qui sont pas encore sortis pour voir un peu comment l’énergie prend en club.

Tu as déjà appris des choses sur tes sons, comme ça ?

Oui bien sûr. Par exemple, je sais que l’an dernier, je jouais encore On est sur les nerfs, avec Joke, qui était sorti en 2014, et ça fait encore le même bordel en club. Là je constate que ce son a été un véritable hit. Parce qu’aujourd’hui la musique, ça ne dure pas forcément très longtemps.

Quel est ton meilleur souvenir de soirée où tu as joué ?

La fois où j’avais joué pour Diamond (la fameuse marque de vêtements, ndlr) aux Bains, parce que j’étais entouré de tous mes amis, avec une très bonne ambiance, et un très bon son.

Du haut de ses 27 ans, Ikaz Boi est clairement un enfant d’internet. Il se rappelle cette époque où il s’intéressait à Chance The Rapper, alors qu’il n’avait encore que 3 000 abonnés. Il remixe son projet 10 Day, et petit à petit, il va commence à placer des prods pour lui, ou certains de ses proches, tels par exemple Vic Spencer. Mais ce qui va faire décoller sa carrière dans l’hexagone, ce sera sa rencontre avec Joke.

Est-ce que certaines rencontres ont été déterminantes dans le rap français ?

Produire On est sur les nerfs, c’est ce qui a changé ma vie au final. Parce que le fait d’avoir fait ce son là, ça m’a installé dans le rap français en vrai. C’est grâce à ça que j’ai eu mes premières dates comme DJ. J’ai commencé à jouer au Social Club, ça m’a un peu installé dans l’univers du rap français. La rencontre Veerus c’était aussi un levier pour moi pour m’installer dans le rap, on a beaucoup roulé ensemble. Et avec Myth Syzer aussi bien sûr, on s’est connu on avait quatorze ans et on a continué de s’épauler depuis.

Avec l’album de 13 Block, pour la première fois tu as réalisé l’intégralité de l’album d’un rappeur. Ça t’a donné envie d’en faire d’autres dans le genre, d’aller plus loin ?

Ouais bien sûr. C’est le but de la création de ma boîte de prod’, Stellar90, pour faire mes propres projets, solo et peut-être avec des gens aussi. C’est intéressant, j’ai la chance d’avoir la vision sur les morceaux, et de savoir les structurer. Et je pense que ça peut bien fonctionner avec certains rappeurs. Je me suis découvert cette passion de réaliser un projet. Moi ce que j’essaye de faire c’est de la musique au début, mais après le but c’est de créer un seul monde avec le rappeur, et ça c’est soit tu l’as, soit tu l’as pas. Je pense que je ne pourrais pas avoir cette vision là avec tout le monde. Mais avec 13 Block, ça s’est fait tellement naturellement, que ça en est devenu intéressant.

Tu as combien d’instrus en stock là ?

J’ai énormément d’instrus en stock là, peut-être une cinquantaine. Je produis tout le temps, je peux très bien te faire trois prod’ en une journée, ça va très vite.

Ça t’arrive d’avoir des pannes d’inspiration ?

A vrai dire, pas trop. J’ai jamais eu genre un mois où j’ai rien fait, depuis toutes ces années. Pour moi, quand t’as une panne d’inspiration, c’est que t’as une routine qui est venue en fait. Et pour éviter ça, j’essaye de bouger, de voyager, de regarder des films, ce qui va m’inspirer continuellement. Y a tellement de quantité de films, de documentaires, de musiques qui sortent tout le temps, c’est une perpétuelle source d’inspiration. Faire toujours vivre la flamme que t’as pour la musique, c’est trop important. Faire toujours de la musique par passion, c’est aussi très important. Parce que je pense que produire des choses que t’aimes pas, ça peut détruire ton amour pour la musique, à force.

Tes sources d’inspiration principales, tu dirais donc qu’elles sont dans la culture?

Ouais, dans la culture et dans la vie. Moi ce que j’aime bien, c’est quand y a du vrai dans les choses. Quand c’est des films qui paraissent réels, sur la vraie vie quoi, qui donnent des vrais sentiments. Genre Interstellar, c’est un film qui m’a nourri pendant des années. C’est beaucoup sur l’esprit, la conscience et l’univers, c’est des choses qui me passionnent. Christopher Nolan c’est un de mes réalisateurs préférés.

Crédits photos : Nicolas Poillot et Inès Manai

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