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Heezy Lee, l’homme derrière les hits DKR et Friday nous dit tout !

Heezy Lee, l’homme derrière les hits DKR et Friday nous dit tout !

Fort d’une expérience payante dans le beatmaking, Heezy Lee passe un cap en solitaire…

Crédits photos : Antoine Ott

Heezy Lee, voilà un nom qui rimait avec homme de l’ombre il n’y a encore pas si longtemps. Il faut dire que l’artiste qui cumule les casquettes a d’abord percé en tant que beatmaker. Pas gêné pour produire des hits, il confie « faire les choses par instinct« . Dans son CV, on peut ainsi lire des noms prestigieux pour lesquels il a signé des titres emblématiques. Booba a eu droit à son afro « DKR », Shay à ses tubes « PMW » et « Thibault Courtois », alors que Barack Adama a pu poser sur « Zone ».

Des exemples parlants, mais qui ont également poussé Heezy Lee à devenir un chanteur, un vrai. Ce qu’il a prouvé au public avec sa track « Qu’est-ce qu’on s’aime » ou plus récemment le double clip Boomerang/Replay. Celui qui est passé par la case rap avec quelques potes alors qu’il était encore un simple lycéen au Mans, se confie aujourd’hui sur les différentes étapes de sa jeune carrière. Rencontre avec un talent réservé, faiseur de hits aujourd’hui passé derrière le micro. Toujours aussi mystérieux, c’est d’ailleurs derrière un masque qu’il a reçu Booska-P. De quoi nous pousser à en savoir un peu plus…

Tu es passé par plusieurs étapes : le rap, le beatmaking, puis la chanson… Tu cultives ça depuis longtemps ?

Moi, je traînais en bande. On était au collège et comme tout le monde, t’as ton petit groupe à toi. La petite bande avec laquelle tu traînes. Nous, on faisait du basket, puis on est passé au rap. On a commencé à rapper en groupe et puis naturellement, on a bossé sur des instrus. En fait, je suis le seul à avoir continué dans cette voie-là.

Moi j’écoute aussi de l’Opéra, de la musique classique et tout ce qui vient de la variété

T’étais le plus déterminé ?

Peut-être… C’était peut-être ça, mais on va dire que c’est venu naturellement. Je ne me suis pas fixé des caps. Petit, je ne me disais pas que j’allais en faire un métier, tout s’est fait tranquillement, étape par étape. Je faisais juste des sons et je trouvais ça vraiment cool, c’était à l’époque de Skyblog. C’est après ça que j’ai commencé à vendre. Depuis, j’ai changé de stade, mais j’ai toujours aimé faire ça, produire des sons. C’est juste une histoire de passion. Dans mes instrus, il n’y a pas tout et n’importe quoi non plus, mais tu peux ressentir des influences différentes, plusieurs styles. Moi, j’ai toujours écouté de tout.

Dany Synthé, en interview chez Booska-P avait justement dit qu’il fallait « toujours rester ouvert ».

Complètement. Moi, j’écoute aussi de l’Opéra, de la musique classique et tout ce qui vient de la variété. Tu peux citer les Garou, Marc Lavoine, Francis Cabrel et même d’autres. Je n’ai pas encore été approché par des gens de la variet’, mais j’espère que tout comme Dany (qui vient de collaborer avec Louane ou Florent Pagny), ça va peut-être arriver.

Le chant, ça vient de là ?

Nous, on est toujours dans l’analyse. A un moment, après les instrus, j’avais sorti une mixtape en 2011. Il s’agissait de sons plutôt R’n’b. J’avais un micro chez moi, j’ai enregistré quelques essais et ça a fait une tape. C’était sous autotune, ça te permet de mieux maîtriser ton taf et je me suis découvert un truc pour le chant. C’est là que j’ai compris que les sons love fonctionnaient plus que certains morceaux de rap. Disons que je trouve que ça me ressemble plus. Pour confirmer cette analyse-là, les sons de cette mixtape, je les ai ressorti un an après avec un autre nom, tout en changeant les titres. Des trucs de lovers tu vois, des trucs bêtes, avec des visuels en forme de coeur. Tout ça était présent sur YouTube, sans partage et ça a tapé facilement dans les 30 000 vues. C’est là que j’ai compris que c’était un vrai délire.

Analyser, comprendre ce qui fonctionne ou pas, c’est une partie de ton travail ?

Oui, là c’était des essais payants. Pour l’instru de « PMW » de Shay, c’était un peu ça aussi. La maquette comportait seulement trois pistes, au moment de faire écouter ça à ton artiste, il faut que ça marche d’entrée. Moi je savais que ça allait fonctionner. Après je pense que trop écouter l’avis des gens, ce n’est pas bon. Mieux vaut bosser le truc de son côté, bien le faire, puis ensuite attendre la réaction des gens, du public. Pour l’instant, je suis dans le vrai, je fais mon truc comme je le sens. On verra, il ne faut jamais dire jamais.

A la base avec Booba, j’envoyais des prods par mail et des connaissances ont poussé certains sons

Récemment, t’as collaboré avec Aya Nakamura. C’est la même chose que de travailler avec Booba ?

C’est la même chose. Exactement la même chose. A la base avec Booba, j’envoyais des prods par mail et des connaissances ont poussé certains sons. Je n’ai jamais été en studio avec lui par exemple.

C’est une belle trajectoire quand on sait que t’as commencé tout ça au lycée, au Mans.

Non ça va, en vrai il y a une vraie scène au Mans, ça va arriver fort. Du côté des producteurs, on a Jack Flag qui a également travaillé sur la prod de DKR… Puis plein d’autres gars qui font des instrus, des garçons motivés.

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Comment tu définis ton personnage ? Tu es masqué dans une époque où beaucoup sont cagoulés…

A la base, je ne voulais pas du tout montrer ma tête. Après, on a réfléchi et on est tombé sur cette solution. Si on commence à voir ma tête partout, ça va pas forcément me plaire. Ceux qui ont leurs gueules partout, parfois, ils n’aiment plus trop ça.

Est-ce que tu penses que les gens qui t’écoutent aujourd’hui te connaissent en tant que beatmaker ?

Au début, je pensais que oui. Mais maintenant, on dirait que beaucoup ont oublié mon taf de beatmaker. Ils ne font que me parler des morceaux qui arrivent, ils me demandent quand est-ce que sort le prochain son, etc. Plus personne ne me demande ce que j’ai produit comme instru. Pour la suite, je pense juste à un projet orienté pop urbaine pour commencer. Pour l’instant ça va être ça, après je sais pas. Je pourrais même partir sur des sons latino (rires). On va dire que je ne me mets pas de frontières, tout est possible.

Quand Booba a sorti le morceau « Pitbull », les gens de la rue ne connaissaient peut-être pas « Mistral Gagnant » de Renaud. J’aimerais faire découvrir des trucs aussi

C’est quoi tes sons du moment, où tu vas chercher ton inspiration ?

En ce moment, j’écoute beaucoup de Davido, mais aussi énormément de sons brésiliens d’aujourd’hui. Mais là-bas, ils vont trop loin, tu peux te retrouver avec des morceaux franchement pas terribles, des trucs dégueulasses, t’as de tout. Mais il faut filtrer, c’est comme ça que ça marche. C’est Shay qui m’avait appelé un jour pour me dire d’écouter des sons brésiliens. Moi, je m’adapte, alors je me suis créé un personnage, Heezylinho de Souza (rires), et j’ai bossé en conséquence, on retrouvera peut-être un délire comme ça dans mon projet. Après le problème, c’est que maintenant, si tu peux travailler sur un truc comme ça, il faut faire « Le » son brésilien que va fonctionner en France. On a fait des sons clubs avec PMW, maintenant, il faut trouver autre chose. Aujourd’hui, le truc qu’on ne peut pas faire, c’est faire tout le temps les mêmes sons. Le monde est grand, là on parlait des sons brésiliens, mais cela n’a pas encore pété en France. Nous on a travaillé dessus, on a ce qui faut, mais ensuite on a travaillé sur d’autres influences… Mais je ne dirais rien (rires) ! Il faut anticiper et analyser les styles. En fait il faut prendre ce qu’il y a de mieux dans ce que tu écoutes. Tu peux t’inspirer de quelque chose sans faire dans le copier/coller, dans « PMW », il ya un délire à la « Lean On » par exemple.

Et le rôle du streaming dans tout ça ?

Les services de streamings, à l’heure actuelle, ça sert beaucoup. Par exemple, tu peux taper « musique du Pakistan » et t’auras une playlist avec des tonnes de chansons. Cela peut t’aider pour le chant, pour les influences, etc. Même pour les samples, cela pourrait ouvrir des portes, mais en France c’est compliqué au niveau de la loi. Par exemple, quand Booba a sorti le morceau « Pitbull », les gens de la rue ne connaissaient peut-être pas « Mistral Gagnant » de Renaud, d’où était originaire l’instru. Du coup, ça a apporté un truc. Moi j’aimerais faire découvrir des trucs aussi.

Qu’est-ce que tu préfères aujourd’hui, chanter ou produire ?

De 2015 jusqu’à aujourd’hui, je n’ai fait qu’enregistrer. J’avais du temps donc je pouvais réaliser des albums en une semaine. Du coup aujourd’hui, quand j’enregistre, je n’ai pas de pression, ça se fait tranquillement. Les expérimentations, ça m’a servi. Moi je fais quelque chose parce que j’ai envie de la faire, je ne me pose pas de questions. Quand t’es dans ce mood là, c’est plus simple et c’est pour ça que j’écoute de tout. Certains peuvent faire des sons rap, puis des sons zouk. Mais moi je pense qu’il faut quand même te choisir un style, même si tu aimes tout. Par exemple, dans le chant je peux faire parler mon côté variété, mon côté pop et faire parler mon visage club ou rap dans mes productions pour les autres. C’est une sorte d’équilibre.

Tu te vois comme un bosseur ou quelqu’un qui fait les choses à l’instinct ?

Si tu regardes bien, « PMW » contient que trois pistes, sur Thibault Courtois il y en a un peu plus… La musique c’est comme une science en fait. Tant que les gens aiment, je continue. J’ai travaillé dur, mais je ne suis jamais resté là, nuit et jour à me poser des questions. Je ne me prends pas la tête.

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