Rencontre avec Biffty et DJ Weedim à l’occasion de la sortie de leur nouveau projet : « La Potence ».
Comme il aime le dire lui-même, Biffty ne ressemble à aucun autre rappeur. Détenteur d’un univers bien particulier, il peut toujours compter sur le soutien de son ami et collaborateur DJ Weedim, qui l’accompagne sur tous ses projets. Aujourd’hui, on peut dire que les deux acolytes forment un parfait duo. Ils nous le prouvent avec leur tout premier album intitulé La Potence et sorti ce vendredi 8 juin. Rencontre.
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Un duo de choc
Personnages emblématiques du rap d’aujourd’hui, Biffty & DJ Weedim forment sans aucun doute le duo le plus déjanté de la sphère musicale actuelle. Une complémentarité essentielle pour les deux artistes qui sont bien différents, tant au niveau de l’âge que de la manière de travailler. Biffty, pour sa part, a commencé la musique vers 16 ans, qualifiant ses débuts comme étant « super nuls ». C’est en rencontrant Weedim, sur l’année 2015, qu’il prend goût au rap et se lie d’amitié avec le DJ et compositeur de renom : « Quand il arrivé, on a un peu cadré les choses, il savait faire, il savait ce qu’était un beat, il savait rapper, mais il n’avait pas de structures quoi. D’ailleurs, notre premier morceau a été Goûter, puis Souyon, qui est un de nos classiques en live et que tout le monde connaît partout. C’est énorme. En studio, Biffty arrive avec un texte et moi j’essaie de construire avec ça. C’est un travail à deux et c’est bien quand quelqu’un peut te dire quand tu fais de la merde, sinon ça sert à rien d’avoir simplement un exécutant. »
Leur rencontre s’est, elle aussi, effectuée plutôt simplement, comme l’explique l’auteur de la Boulangerie Française : « C’est Julius que j’ai rencontré en premier, on était sur un événement et puis il m’a dit ‘mon frère fait du rap, je pense qu’il a des capacités à faire quelque chose, est-ce que ça t’intéresse d’essayer ?’ Sachant qu’à ce moment-là, on s’était déjà rencontré deux, trois fois. Et puis un jour, il est venu au studio et on a fait le premier morceau de Biffty. »
Aujourd’hui, on est presque un groupe. On s’en rend compte sur scène, il y a beaucoup d’interactions
Très proches, Biffty et DJ Weedim sont presque comme un petit couple qui ne se lâche jamais. Aujourd’hui, leur association ne se limite plus qu’à une connexion entre un rappeur et un DJ. Leurs places dans les morceaux ainsi que sur scène peuvent varier selon les envies : « Depuis le début, on fait tous les projets ensemble. Aujourd’hui, on est presque un groupe, on s’en rend compte sur scène. C’est pas juste le DJ qui est derrière et qui envoie les sons, il y a beaucoup plus d’interactions. » Une proximité qui n’empêche pas aux deux artistes de travailler avec qui ils veulent, extérieurement à leur duo.
DJ Weedim, c’est aujourd’hui le repère d’un Biffty qui n’a pas encore quitté l’adolescence. Adepte de la « souye », comme il aime le dire, le rappeur reste encore dissipé et semble avoir toujours besoin de ses repères pour poursuivre sérieusement sa musique. Cela passe donc par une relation fusionnelle avec son frère Julius, qui réalise tous ses clips, mais également par un DJ Weedim très présent, qui commence d’ailleurs à faire ses premiers pas dans le rap : « J’ai posé sur Mega boze pour le refrain, pour celui de Testicules aussi. Et là, ça y est, j’ai fait mes deux premiers sons de rap. La dernière fois, j’ai fumé ce que fument les Migos toute la journée, la beuh venait du même endroit et d’un coup, je me suis senti Quavo… (rires) Mais bon, on s’en fou pour l’instant, c’est La Potence dont on veut parler. »
Deux artistes qui trouvent leur place sur scène
Un personnage comme Biffty dans le rap français, il n’y en a qu’un. Pourtant, son univers se rapproche parfois de certains autres artistes d’outre-atlantique, comme Fat Nick ou Pouya. Des similarités notables, que le rappeur explique simplement : « Biffty c’est un peu le Fat Nick de la France. Et Fat Nick, c’est le Biffty des Etats-Unis. Mais je pense qu’il faut arrêter de mettre des étiquettes, c’est juste la vibe actuelle. »
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D’ailleurs, en ce moment, Biffty et DJ Weedim écoutent ce qui tourne un peu partout aux Etats-Unis. : Lil Pump, Ski Mask et bien d’autres. Mais ce qu’ils écoutent le plus reste leurs amis de l’Hexagone, à savoir 2Cheez Milkshake, JMK$, L’ordre du périph’ ou encore Him$ Caprisun, avec qui les deux artistes entretiennent une relation « toute particulière ». Catégorique, Biffty affirme même ne s’inspirer de personne : « Je pense que, jamais un mec va écouter un flow de Biffty et se dire ‘ah t’as volé le flow d’un tel’. Ca ne m’est jamais arrivé et je pense que je suis le seul à ne jamais avoir volé de flow en France. Je m’inspire de rien. »
Si on revient secs d’un concert, ça ne sert à rien d’en faire
Biffty & DJ Weedim, c’est aussi et surtout deux personnages qui marquent les esprits de tous ceux qui les ont déjà vu performer sur scène. Une énergie impressionnante et une folie inédite, les deux collaborateurs affirment que la scène, « c’est le plus intéressant ». Un bon moyen de faire la rencontre de leurs fans et de voir quels sont les morceaux que ces derniers préfèrent. Les concerts et festivals, c’est d’ailleurs un élément incontournable des carrières respectives des deux artistes parisiens : « C’est sur scène que tu te rends compte que les gens viennent te voir, qu’ils connaissent ce que tu fais. »
Pour Biffty, comme pour Weedim, inutile de se produire devant son public si l’on n’est pas déterminé à se donner : « Si on revient secs d’un concert, ça ne sert à rien d’en faire. On n’a pas forcément besoin de sauter partout et tout ça, parce qu’il y a tellement de violence dans les morceaux que très vite ça devient la souye, mes potes viennent sur la scène, le public est dingue… Weedim a sauté une fois, ils ont pris 100 kilos direct ! (rires) » Avec La Potence, une chose est sûre, de nombreux morceaux vont encore faire vibrer les foules : « On joue déjà certains morceaux de notre dernier projet sur scène et on connaît ceux qui marchent bien. Franchement, à part trois ou quatre morceaux, on peut tous les jouer. Salade de viande, Festival, il y en a beaucoup qui ont été faits pour rigoler. »
« La Potence », à écouter sans modération
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Après Souyegod, Mega bonus, La réincarnation du turn up et la fameuse Mega Souye Tape, Biffty et DJ Weedim reviennent ce vendredi 8 juin avec leur tout premier album, follement baptisé La Potence. Un projet confectionné en l’espace de six mois, en gardant un rythme propre à chacun : « Un matin, on s’est dit ‘bon, là il faut qu’on fasse un album’. On avait eu rendez-vous chez un tourneur, il y avait une tournée qui se préparait, il fallait un truc à défendre. C’est aussi l’heure d’un album, on a fait deux mixtapes, quatre EP, c’est le moment. C’est un peu le crossover, il y a un morceau de reggae, un peu de rock, des sons plus calmes, plus électros aussi, il y a de tout. »
Sur l’album, il y a des titres où je suis moins énervé, je crie moins
Ce premier album est donc le bon moyen pour Biffty de se montrer sous différents jours et d’explorer différents thèmes et univers : « Sur l’album, il y a des titres où je suis moins énervé, je crie moins. Club de fitness, La vie c’est pas facile, même Hamburger, je ne suis pas en train de crier partout. » Un morceau sur lesquels les deux artistes n’ont rien changé à leur recette gagnante et délirante : Testicules. Un single sur lequel Biffty fait de la place à Weedim sur le refrain : « On venait déjà de finir quelques morceaux, on était vraiment souillés, on avait bu du très bon rhum. Et à un moment, j’sais pas, il y a ce truc-là qui vient et on éclate de rire, d’ailleurs on a laissé l’intro. En vrai, je me rappelle quand on a fait le titre, on se disait ‘mais imagine en live’ (rires), ce serait trop marrant, genre à Dour, on y joue cette année en plus. Ce morceau, c’est vraiment notre génie qui parle… »
Un morceau qui retient également l’attention, c’est Club de fitness. En effet, on peut possiblement se demander si les deux amis ont apporté un peu de sanité dans leur quotidien, en se lançant dans le sport. Il semblerait qu’en fait, il en soit tout autre. Biffty explique : « On a fait ce morceau parce qu’il y a un vrai délire autour des salles de sport et un vrai business. Il y en a partout, quand je regarde les stories des villes il y a trois mecs à la gare et 50 mecs à la salle, c’est vraiment un truc qui prend énormément de place sur internet, dans les villes, dans le coeur des gens. Du coup, il fallait faire un son pour toucher toutes ces personnes. On adore ce morceau, c’est une grosse blague. C’est du second degré fait au premier degré. Il sera sûrement mis en images, toute façon on devrait en sortir plein, on a Julius sur le coup. »
Crédits photos : Prado Nicolas
