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Dany Synthé : De Booba à Maître Gims, le hitmaker se confie !

Dany Synthé : De Booba à Maître Gims, le hitmaker se confie !

Alors qu’il prépare son premier album, rendez-vous avec le compositeur. Un passionné qui fait le pont entre Booba et Louane sans pression.

Crédits photos : Antoine Ott

Dany Synthé, dans son CV on peut croiser des noms tels que Booba, Maître Gims, MHD, Benash ou encore Disiz La Peste et Orelsan. Loin de se contenter d’un seul univers, il aura franchi le pas de la pop et de la chanson française en signant des morceaux en compagnie des bankable Florent Pagny et Louane.

A tout juste 25 ans, Dany s’est donc imposé comme LE producteur du moment. Depuis son hit « Sapés comme jamais« , l’artiste de Villiers-Sur-Marne s’est épaissi. De quoi préparer un tout premier album, teasé par le joli « Too Good to you » réalisé en compagnie de Davido et Shay. Rendez-vous avec un homme bien dans son époque pour qui la musique est une passion, mais aussi un sport de combat.

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Dany Synthé aux côtés de Davido et Shay pour « Too good to you » [SON]

Pour commencer, tu n’as pas peur de livrer tes secrets à un journaliste ?

Pourquoi j’aurais peur ? On peut avoir peur de dévoiler ses secrets, mais moi je ne suis pas comme ça car j’essaye de me renouveler sans arrêt. Je peux te donner un secret aujourd’hui qui ne sera plus valable dans six mois (rires) ! Il faut brouiller les pistes, mais surtout te remettre en question pour pouvoir te surpasser. Il faut toujours évoluer et ne jamais rester endormi sur tes lauriers ou sur un succès. Quand un truc fonctionne je suis déjà sur autre chose. Je suis toujours en train de réfléchir à la suite. Je ne contemple pas la réussite du moment.

Pour résumer, tu es en perpétuelle évolution !

J’aime la musique avec un grand M. Je suis très ouvert musicalement parlant, c’est ce qui explique cette évolution. Je vais écouter du hip hop bien sûr, mais aussi de la folk… Cela peut aller de Sam Cook à Fink et Dr Dre, jusqu’à DJ Premier ou Drake. Mes parents m’ont fait écouter beaucoup de choses, du Michael Jackson, du Claude François, du Papa Wemba… Enfin beaucoup de trucs quoi. J’ai un spectre large et c’est dedans que je puise mes inspirations. J’essaye de comprendre ce qui fonctionne ou pas.

Tu arrives à rendre plus underground des sons populaires et vice-versa, c’est quoi ton truc ?

J’essaye de partager mon identité. Cela colle avec mon côté un peu plus street, urbain, d’où je viens. On va dire que c’est ce que je ramène dans un peu tous les feats que je peux faire. Je n’irais pas dire qu’avec Florent Pagny on a vraiment travaillé sur de l’urbain, mais j’ai utilisé les mêmes kicks que sur un morceau trap. Dire « ça c’est bien et ça non », c’est une erreur. Moi je m’en fous. A chaque fois, on me parle de musique commerciale et de musique pas commerciale… Le problème c’est que les gens se posent trop de questions. On essaye de trop intellectualiser la musique. Au bout d’un moment il faut stopper la prise de tête et arrêter de vouloir tout justifier.

Le problème c’est que les gens se posent trop de questions. On essaye de trop intellectualiser la musique

Dans ton CV on peut lire des noms tels que Florent Pagny, Maître Gims, Booba ou encore MHD et Louane, comment tu gères ce grand écart ?

On pourrait se dire que les choses se passent différemment, mais non. Je préfère faire abstraction de tout ça. Par exemple, Florent Pagny a 25 ans de carrière et moi 25 ans d’existence (rires) ! Et pourtant on passe des heures au téléphone à discuter de tout et de n’importe quoi. On s’apprécie énormément. Entre les artistes et moi, c’est surtout une histoire de feeling, ça se ressent ensuite dans la musique. Il n’y a pas d’appréhension, c’est juste un kiff. Florent Pagny, c’est par exemple lui qui est venu me chercher. Donc j’essaye de donner ce que je sais faire, de ramener mon truc. Je ne fais pas l’erreur de refaire ce qui lui a déjà été proposé.

T’as une personne en particulier avec qui tu aimerais travailler ?

Cela se situerait outre-Atlantique, comme par exemple Hans Zimmer. Il a travaillé sur les musiques des films Gladiator, Pirates des Caraïbes ou encore le Roi Lion. C’est un génie, je suis allé le voir en concert, c’est très fort. Travailler avec lui, ça serait un honneur. Après je pourrais te dire Drake ou Travis Scott, à voir pour la suite. Travis, je l’ai déjà rencontré, il a écouté « Sapés comme jamais » et il a pété un câble. Il y a plein de rencontres qui peuvent se faire. J’ai eu aussi l’occasion de bosser avec Hit Boy qui a fait « Niggas in Paris » et pas mal de gros titres…

Les USA, ça te tente ?

Bosser aux Etats-Unis, ça pourrait me faire changer d’air, m’aérer. J’aime beaucoup bosser en France et je continuerai à le faire. Mais je commence à faire le tour de ce que je voulais faire. Dire que t’as fait le tour de tout, c’est prétentieux, mais moi j’ai fait ce que je voulais faire. Je suis dans mes objectifs, j’ai travaillé avec Booba, j’ai fait de la variété avec Florent Pagny, des trucs un peu plus pop avec Louane. Au cinéma aussi, même si je ne peux pas en parler pour l’instant.

Je devais faire une licence de physique chimie, mais la musique a gagné le bras de fer

Tu bosses donc sur la bande originale d’un film ?

Je m’occupe de toute la partie musicale. Je vais chaperonner tout un projet. C’est nouveau pour moi, ce n’est pas tout à fait pareil que quand tu fais un album, mais disons que ce n’est pas à l’opposé.

Quand t’étais plus jeune, à l’école, tu t’imaginais pouvoir vivre de la musique ?

Je me suis arrêté après le bac en poche, je n’étais pas trop nul. J’ai fait un bac S et je devais faire une licence de physique chimie mais la musique a gagné le bras de fer (rires) ! C’est une autre physique, une autre chimie. Franchement à l’époque, la musique c’était surtout une passion, même si je commençais à bosser. Compositeur, c’était le métier que je voulais faire. Mais par respect pour mes parents et le mal qu’ils se sont donnés, il fallait sécuriser certaines choses. Je me suis dit qu’il fallait quand même avoir un bac. Maintenant, mener les études et la musique de front, ce n’était pas compliqué. C’est comme quelqu’un qui va au foot ou au judo le mercredi et le samedi. C’était juste mon hobbie.

Un hobbie qui est devenu un métier…

La musique a toujours été là. Depuis tout petit j’ai toujours eu des mélodies en tête. Je créais des mélodies en pensant que tout le monde était capable de le faire. Je n’ai pas eu de déclic, juste des artistes qui m’ont fait aimer des styles au fur et à mesure. Moi je suis un relou car je peux aimer un morceau à partir de la 20ème seconde. Par exemple, de la 20ème à la 25ème seconde il va se passer un moment de grâce et c’est pour ça que je vais kiffer. Par contre le morceau, je peux m’en foutre au final. En fait, la musique c’est quelque chose qui occupe tout le temps mon esprit. Je suis sur l’assemblage de mélodies pour en créer une autre. C’est ça qui me plaît le plus, mixer les univers, mélanger les ingrédients.

Moi je peux me pencher sur un artiste et seulement kiffer un morceau. Je ne me pose pas les mauvaises questions. Savoir qui est-ce qui l’a fait, s’il a vendu… Je m’en fiche. Fais moi écouter un truc et si j’aime, c’est tant mieux. Aujourd’hui, grâce au streaming, tu peux avoir accès à tout ce que tu veux. Tu peux te faire de belles playlists avec des sons des années 70, des sons d’aujourd’hui… Et du coup on se pose beaucoup moins de questions. Les nouvelles générations, quand tu les écoutes, t’es choqué. Tu peux passer de Jul à Sam Cook en un instant et pour moi ça reste cohérent. Car la musique c’est ça, c’est la passion.

Cette manière d’appréhender les mélodies, elle se retrouve dans ton album ?

Cet album, c’est une histoire de rencontres. Je n’ai pas de listes d’artistes pré-établies, je pense plutôt à eux dès que j’ai des sons, des univers à leur proposer. Avant de chercher le nom, je trouve le son. Il s’agit de trouver la bonne voix pour que l’assemblage sonne vraiment bien au final. Mon but, c’est d’optimiser la cohérence. Je ne tease pas le reste tant que ce n’est pas terminé. Pour l’instant, autant ne pas parler. Pour le premier single, c’est un honneur d’avoir bossé avec Davido et Shay. D’autant plus qu’ils ne font pas tant de collaborations que cela.

On dit souvent que la musique est un sport, surtout dans le hip hop. Alors que l’album est en préparation, quel est ton prochain combat ?

Le challenge, c’est de savoir combien de temps tu vas rester à la page. Dans le monde de la musique, ça tourne très vite. Tu peux être à la mode aujourd’hui et être has been demain, devenir complètement rincé pour les gens. Tu peux louper un coche et pas comprendre les trucs qui se passent en ce moment, ça peut arriver à tout le monde. D’où la remise en question. C’est comme un sport de combat, à un moment il faut savoir passer le flambeau à un autre. L’avantage chez nous, c’est que tu n’as pas qu’un seul champion, mais beaucoup. La musique c’est un partage et il y a de la place pour tout le monde.

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