A l’occasion de la sortie du premier album de SCH nommé Anarchie, le rappeur s’est livré devant les caméras de Booska-P…
SCH n’a pas de temps à perdre… Encore méconnu il y a tout juste un an, SCH est aujourd’hui l’une des valeurs sûres du rap français. Une apparition remarquée dans la saga R.I.P.R.O, une mixtape A7 certifiée disque d’or et voilà que le numéro 19 s’apprête à dévoiler Anarchie, son premier album, qui sera disponible à partir du 27 mai prochain. Quelques mois après un premier entretien, l’artiste a retrouvé l’équipe de Booska-P sur Marseille afin d’évoquer avec flegme et sans tabou ce qui fait son actualité.
L’album Anarchie de SCH est en pré-commande ici.
A7 est sorti le jour des attentats à Paris…
Avant d’aborder en profondeur ce nouveau projet, impossible de ne pas revenir sur les derniers mois plutôt agités qu’a connu SCH avec une ascension fulgurante que ce soit en terme de notoriété ou de ventes : « J’ai été surpris mais surtout réjoui, c’est un retour et une reconnaissance qui fait plaisir et qui donne envie d’aller plus loin. Disque d’or c’est beau putain ! Il y a 10 ans de musique en amont… Il ne faut pas oublier que A7 est sorti le jour des attentats à Paris. Au début, tu penses à ta promo mais rapidement tu relativises. Ce n’est pas évident mais les choses se sont quand même bien passées pour nous ce qui est un peu fou dans ce climat là. Malgré tout ce qui arrive dans le monde, il faut aller de l’avant, la terre tourne toujours. Malheureusement, je me souviendrai de cette date pour ça plus que pour la sortie de mon projet » se rappelle-t-il.
Un disque d’or, c’est du vent, ce n’est que des chiffres
S’il reconnait qu’il n’attache pas réellement d’importance matérielle au disque d’or qu’il a réalisé, il reste conscient que ce genre de situation peut parfois n’être qu’éphémère : « Je n’ai pas besoin de l’accrocher au-dessus de mon lit, je ne veux pas m’asseoir sur mes positions. Aujourd’hui, la consommation du rap a changé, un jeune écoute un album deux semaines maximum… C’est pour ça qu’il faut redoubler d’efforts, il y a beaucoup de demande. Quelques mois après ton disque, on peut l’avoir oublié… Un disque d’or, c’est du vent, c’est que des chiffres. On ne se ménage pas, c’est fatigant mais tant que c’est pour l’amour de la musique…On le fera. » explique-t-il.
Pour le clip de Champs-Elysées, je n’ai rien loué
Véritable hit du projet A7, Champs-Elysées a eu le droit à la narration de sa génèse : « Kore a fait la prod et une top line sur le refrain… J’ai abord écrit la phase ‘pas loué’ et tout le reste du morceau en a découlé. Des gens disent que j’ai loué la voiture du clip mais moi je n’ai rien loué, il y a des réalisateurs, je viens, je m’assois dans la voiture et je n’ai rien loué… J’aime l’image des jeunes de Marseille qui montent sur Paris pour investir la ville. J’utilise l’image de Paris mais je dis bien ‘c’est Marseille bébé’ ! Tout va bien, je n’ai pas encore mis mon maillot du PSG ! Le foot a mis beaucoup trop d’animosité dans le rap par le passé. » raconte-t-il.
J’ai de l’auto-dérision quand c’est fait dans le respect
Devenu un véritable phénomène sur la toile, SCH a vu son image être détournée de différentes manières… Lui, l’a pris le plus souvent avec le sourire : « Je respecte les gens qui font ça correctement, dans le but de mettre du second degré. Si c’est haineux, ça ne me touche pas. J’ai de l’auto-dérision quand c’est fait dans le respect. C’est autant important d’avoir des gens qui ne t’aiment pas que des gens qui t’aiment. C’est de la publicité gratuite, du bénévolat… Je leur ai pourtant dit que de se lever pour 1200, c’est insultant… Devenir connu, c’est un peu difficile de s’adapter au début mais ça fait partie du jeu. Avant je ne voyais pas ça comme je le vis aujourd’hui… Quand je vois Ribery et Alaba reprendre mon son, ça fait archi plaisir… En ce qui concerne Maskey, big ovation, c’est un tueur, il me fait délirer, je ne peux que respecter. » évoque-t-il.
Il y a une très mauvaise répartition des salaires
Preuve que son aura dépasse largement le cadre du rap, SCH a vu sa phase « Se lever pour 1200 c’est insultant » devenir un slogan en tête de cortège des manifestations contre la loi El Khomri qui vise à réformer le code du travail : « Quand j’ai écrit ces paroles, je savais que ça pouvait soulever quelque chose. Ca fait tellement longtemps que tout le monde ferme sa gueule… Notre génération va peut-être faire changer la manière de voir les choses à l’échelle de la nation. Certains ont mal pris cette phrase en croyant que c’était du dénigrement mais je l’ai personellement vécue cette situation ! J’ai sué pour prendre cette somme là à une période ! Il y a en tous cas une très mauvaise répartition des salaires et visiblement je ne suis pas le seul à penser comme ça. Le jour où j’ai vu cette banderole, ça a eu bien plus de valeur à mes yeux que n’importe quel disque d’or etc… Là, c’est mon corps entier qui frissonnait, j’en ai tremblé !« reconnait-il.
Il reste encore trop de clichés sur le rap
Ingrédient important dans le modèle SCH, l’apparence est un facteur travaillé par l’artiste et son équipe : « J’aime trop la sappe, j’ai un peu plus de moyens qu’avant également. C’est un travail en amont, une gamberge de tous les jours. On regarde aussi ce que font les autres, parce que ça nous intéresse. On se base sur mon artistique et on cherche à agrandir le panel avec les idées de tout le monde dans l’équipe. En image, c’est vrai que ça se différencie pas mal. Avec l’image c’est forcément mieux mais l’essentiel reste quand même la musique, l’image est là pour sublimer le tout. Moi je fais de la musique, pas seulement du rap… Les codes, il n’y en a plus ! On a voulu arriver et casser ça, c’est bon pour le rap et son évolution. Il reste encore trop de clichés, nous on arrive avec une nouvelle manière de voir les choses pour que ça cesse. Briser les codes, c’est faire avancer le rap « conclut-il.