Après avoir sorti le EP « Des hauts, des bas et des strings » à l’été 2012, Hyacinthe remet le couvert avec sa première mixtape « Sur la route de l’ammour »
La dizaine de titres du premier projet de Hyacinthe laissait présager de bonnes choses pour le mc parisien, qui se présentait au public comme étant tout à la fois vulgaire et subtil, avec ses textes teintés de mysoginie, d’amour et de cynisme. Il revient aujourd’hui pour satisfaire ceux qui avaient placé des espoirs en lui, avec 14 morceaux disponibles gratuitement.
On ne boude pas son plaisir d’entendre un rappeur insulter son ex…
On ne boude pas son plaisir d’entendre un rappeur déféquer sur les zoulous, insulter son ex, et traiter de putain la mère d’un vieil ennemi prénommé Romain. Loin de toute volonté de faire la morale à son public, Hyacinthe se présente néanmoins comme un rappeur des plus conscients, qui n’hésite pas à se présenter comme un « ami des bêtes », puisqu’il partage avec eux la sauvagerie reproductive des périodes de rut. Son engagement ne se limite pas à la cause animale, il fait part de son féminisme à moult reprise, et rompt avec la longue tradition française consistant à refuser de copuler avec des rousses. Lui plaide au contraire la cause de ces femmes aux cheveux rouges, dès l’intro de son projet, dans laquelle il livre d’ailleurs quelques promesses intéressantes, comme un rythme testiculo-ternaire pendant l’acte sexuel.
Il attend 27 ans pour mourir d’une overdose comme tous les génies modernes
La plupart du temps il pleure son désenchantement et crie sa haine d’un monde en pleine décadence, constatant impuissant, la dégénérescence d’une race humaine dans laquelle il perdit foi, quelques heures après être venu au monde et avoir accessoirement gâché la vie de son entourage. Mais la misanthropie qui l’anime est peut-être aussi un trait majeur du romantisme de Hyacinthe. S’il « noie sa peine dans un flacon de néo-codion », et s’il attend 27 ans pour mourir d’une overdose comme tous les génies modernes, le rappeur s’avère empreint de mélancolie et plein d’amour pour sa dulcinée, à qui il va jusqu’à dédier ce projet de façon subliminale. Certes, son rapport à l’amour se traduit par un lexique porno-trash aux allures strauss-kahnienne, mais comment douter de la dévotion sentimentale d’un homme qui avoue « taper dans le compte épargne pour s’acheter des capotes »?
L’un des principaux atouts de cette mixtape réside dans le choix des prods…
Au delà de l’indéniable puissance textuelle de Hyacinthe, l’un des principaux atouts de cette mixtape réside dans le choix des prods. Celles-ci n’ont rien à envier à ce qui se fait actuellement en France, loin s’en faut. La sélection des faces B, qu’elles soient piochées chez Araab Muzik, Dj Paul ou Lex Luger, est également un sans faute. On regrettera cependant que le jeune Krampf, à qui l’on devait l’essentiel des beats du précédent EP, soit si peu présent sur la Route de l’ammour.
Cotés invités, Hyacinthe a fait appel pour cette mixtape à l’un des rappeurs de la Mafia Zeutrei (Signée sur KDBZik) en la personne de Jok’air. Il a également convié Aketo (Sniper), et les jeunes LOAS et MDSA. C’est ce dernier qui est à l’origine de la très réussie cover.
La mixtape Sur la route de l’ammour est disponible gratuitement ici: https://booska-p.cosavostra.com/re/fb61acm9fg